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Of gloom and despair [Terminé]

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Of gloom and despair [Terminé] Empty Of gloom and despair [Terminé]

Message par Silas Jeu 18 Fév - 15:30

Il était perdu et il avait peur. Un homme en armure se déplaçait lentement, très lentement dans les rues de ce Londres vide, chaque fois qu'il se retournait, l'armure qu'il portait produisait des cliquetis métalliques qui résonnaient longuement dans les rues désertes. Il s'avançait lentement, se retournant quasiment à chaque pas, ses yeux rouges fixaient à travers les fentes de son casque chaque recoins du chemin qu'il empruntait à la recherche d'un quelconque ennemi. Mais il n'y avait rien, pas âme qui vive, juste ses immenses bâtiments dont il ne reconnaissait pas l'architecture et ses objets étranges éparpillés sur le bas coté. Il en avait frappé un tout à l'heure, laissant la trace de son épée sur la carlingue. Il aurait jugé que ses choses étaient du même métal que son armure mais pourtant, il était agencé différemment, pour former une étrange boite amorphe. Une sorte de décoration avait-il conclu lorsqu'il avait compris que chacun de ses boites avait une couleur et une forme différentes, il avait préféré ne pas s'aventurer plus loin dans sa réflexion, trop de questions restaient pour lui sans réponse. Certains coloris présent sur ces choses lui étaient inconnus et il se demandait comment une main d'homme pourrait-elle les avoir conçus. Au final, la réponse à tout ceci était simple, ce n'était pas une main d'homme qui avait conçus tout cela.

Mais qui alors ? Qui avait pu concevoir le monde étrange dans lequel il était arrivé aux environs de ce que l'on pouvait appeler ce matin. Levant les yeux au ciel, il vérifia la position du soleil et en conclut qu'en effet, il était bien arrivé ce matin dans ce monde et que maintenant il devait être en début d'après midi. Il était arrivé dans un étrange forêt dont les couleurs étaient bien trop chatoyantes pour que ce soit une forêt de son véritable monde. Sa première idée consistait à revenir en arrière et à retrouver le lieu qu'il avait quitté et c'est ce qui c'était produit mais au bout de quelques pas dans sa forêt d'origine, il retrouvait l'étrange forêt au grands arbres. Un peu comme s'il n'y avait qu'un morceau de sa forêt ici. C'était impossible, prodigieux et effrayant. Pour Silas, seuls deux suspects étaient à envisager pour cette étrange affaire. Le Diable en personne … Et Dieu lui même. Mais pourquoi ? Satan voulait-il punir un chevalier aussi fidèle à Dieu ? Ou bien son Seigneur désirait-il lui imposer une épreuve pour que le jeune albinos puisse lui prouver sa piété et sa dévotion ?

« Garde la foi, Silas » s'était-il murmuré en latin quelques heures plus tôt.

Et il avait conservé ce conseil en en tête pendant toutes cette … journée même s'il avait encore un peu de mal à admettre que tout ceci était bel et bien en train de se dérouler. Il avait marché, couru presque pour s'échapper de cette forêt dans laquelle il commençait à suffoquer tellement elle était étouffante. La solution aurait été de retirer son armure mais il ne voulait en aucune façon se défaire d'une protection. Et puis … le fait d'avoir l'emblème de son pays et de son Saint Père gravé sur le thorax lui donnait confiance. Quelque soit l'épreuve à laquelle il était confronté, il la réussirait, pour sa gloire et celle de son divin Seigneur. Heureusement pour lui, il n'avait mis que quelques temps avant de sortir de cette végétation abondante mais c'était pour arriver dans une région pire encore. Il n'en avait jamais vu mais savait comment on appelait cela. Un désert. Du sable à perte de vue. Longtemps, il avait hésité. Lequel de ces deux environnements était-il le plus dangereux ? Silas avait alors aperçu des formes étranges au loin, comme si elle venait d'apparaître. C'est là bas qu'il avait décidé d'aller, espérant probablement croiser quelqu'un. N'importe qui, une être humaine voilà tout ce qui lui importait et les formes aperçus ressemblaient bien à des maisons.

De loin cependant, parce que de près, il était certain que ce n'était pas du tout ça. Enfin si mais c'était … étrange, il ne reconnaissait pas l'architecture, tout semblait trop grand. Et tout était en pierre, il n'avait encore croisé aucune maison faites de bois et de torchis, c'était sans doute cela le plus inquiétant pour lui. S'était-il trouvé dans la capitale d'une autre civilisation, un peu comme la Glorieuse Rome de l'Antiquité. Peut-être mais dans ce cas où était passé ses habitants ? Pourquoi n'y avait-il plus personne dans les rues de cette étrange ville ? Encore une sorcellerie ? Une épreuve ? Il était encore en train de réfléchir à la question lorsqu'il perçut quelque chose, un cri qu'il n'arriva pas à discerner. Avançant dans cette direction, il l'entendit de nouveau et accéléra. Il ne connaissait pas la langue dans laquelle une femme, car il était certain que c'était une femme, criait mais étrangement, il comprenait. Du moins en saisissait-il la majeure partie. Le plus important, c'est qu'il y avait quelqu'un de vivant ici, et que ce quelqu'un semblait tout aussi désemparé que lui. Il finit par déboucher dans une rue encore plus grande que celle qu'il avait déjà vu, comme les autres, celle-ci était garni des étranges boites métalliques et décoratives. Encore une fois, il n'y avait personne. Et puis il aperçut une forme à terre, une forme qui ne correspondait pas aux boites. S'approchant d'elle, il conclut qu'il s'agissait là d'une jeune fille, il la détailla et encore une fois ne reconnut rien de ce qu'elle portait sur elle. Sûrement une habitante des lieux, peut-être pourrait-elle lui expliquer ce qui se passe. Mais … et si c'était un piège, une sorcellerie créé par le Diable dissimulé dans le corps d'une jeune femme pure pour tromper son ennemi. Tirant prudemment son épée, le chevalier ne put que demander la première chose qui lui vint à l'esprit. La phrase en latin résonna lourdement dans la rue vidée de monde.

« Qui êtes vous ? »
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Message par Wynn Mar 23 Fév - 14:29

Wynn ne pensait plus à rien, elle ne savait plus à quoi penser... Elle ne comprenait pas la raison pour laquelle Londres s'était retrouvée vidée. Elle cherchait des réponses, mais sans personne pour les lui donner, elle se sentait aussi inutile qu'une enclume en plastique dans l'atelier d'un forgeron. Elle leva sa tête vers le ciel, puis murmura dans sa langue maternelle « Toi qui te trouve là-haut, et en qui je n'ai jamais cru, me condamnes-tu pour mon hérésie? », puis émit un sorte de gloussement de rire, se moquant de sa pathétie à parler au ciel, en même temps qu'elle se remettait à pleurer. C'est à ce même moment qu'elle entendit à quelques mètres d'elle les cliquetis d'une armure, et ensuite le bruit d'une lame de fer glissant le long de son fourreau, et une voix résonner distinctement dans les rues de Londres. Elle était aussi claire que l'eau qui coulait de Lake District. Un énorme sourire éclaira le visage de la jeune fille. Même si l'huluberlu en armure qui se tenait à quelques mètres d'elle paraissait hostile, elle ne pouvait que se réjouir. Au moins, elle savait désormais qu'elle n'était pas la dernière personne vivante et qu'elle obtiendrait certainement des réponses de cette personne. Wynn commençait à se relever en arborant un sourire radieux, prête à bondir sur l'homme quelque peu plus âgée qu'elle, lorsqu'un semblant de raison la ramena à la réalité. Et si il n'était pas là pour l'aider, mais pour la tuer? Et si c'était lui qui avait décimé tout Londres? Pouvait-elle vraiment faire confiance à cet homme? Préférant ne pas lui accorder sa confiance tout de suite, elle fit un bond en arrière, tirant sur la corde se son arc et pointant la flèche en direction de l'albinos.

« Je suis Wynonna Leighton, et toi qui es-tu et d'où tu sors? »

Wynn tremblait comme une feuille au vent, mélange de peur et de fatigue. Elle savait que si cet homme tentait de l'agresser, elle raterait son tir et qu'il ne serait pas dur pour lui de la mettre à terre par la suite. La jeune fille craignait vraiment la suite des évènements. Elle espérait que l'homme en armure était là pour l'aider et qu'il n'allait pas tenter de la dépouiller - ou pire. Mais il valait mieux pour elle qu'elle s'attache à la seconde idée. Si il y avait bien une chose que les années d'errance et de vol dans les rues de Londres lui avaient apprise, c'était qu'il ne fallait jamais se dire que tout irait bien, mais qu'il valait mieux toujours prévoir le pire, histoire de ne pas tomber de son piédestal lorsque celui-ci arriverait. Qu'est-ce que Wynn n'aurait pas donné à cet instant précis pour retrouver le monde qu'elle connaissait, pour retrouver ses amis et même sa mère avec qui elle n'avait pas toujours eu les meilleures relations; mais surtout pour revoir une dernière fois Zach, le garçon avec lequel elle s'associait souvent pour commettre ses forfaits, et pour lequel elle avait toujours nourri secrètement une flamme. Une larme perla dans le coin de son oeil, glissa le long de sa joue avant de s'écraser silencieusement sur le sol goudronné. « Je ne peux pas faire ça », se disait-elle. Tout était tellement différent depuis quelques heures, elle ne connaissait pas ce monde dans lequel elle vivait désormais. Elle n'avait plus aucun repère et ne pouvait pas agir en conséquence... Elle abaissa son arc, alléga la tension qu'elle appliquait sur la flèche puis jeta son arc à ses pieds.

« Fais de moi ce que tu veux, de toutes façons je n'en ai rien à foutre. Je ne veux pas vivre dans ce monde! »

// Je ne pouvais pas espérer encore grand chose de ce monde... En quelques heures, tout ce que je connaissais s'était effondré; toute ma vie s'était effondrée. J'avais cette sensation que j'étais désormais toute seule, qu'il n'y aurait plus personne à mes côtés pour m'aider, pour me remonter le moral. J'avais besoin de sentir les gens près de moi, même si je ne les connaissaient pas, même si j'étais recluse et traitée comme une paria. Tout ce que je détestait de Londres me manquait, ses rues bondées de gens, ses magasins de vêtements, les pouffiasses qui se baladaient cul-à-l'air, et même ces enfoirés d'écossais qui faisaient chier tout le monde avec leur accent de merde. Et maintenant, au lieu de ça, tout ce que j'avais était un Londres désert, avec une armée de voitures vides... Je devrais me réjouir, parce que au fond c'est ce que j'ai toujours souhaité, ce que j'ai toujours désiré. Mais pourquoi est-ce que je ne peux pas me contenter de tout ça, pourquoi est-ce que ce vide me laisse un goût amer en bouche? Et pourquoi est-ce que tout cela m'arrivait à moi, et pas à quelqu'un d'autre? Il y avait tellement de questions, et au fond je savais que personne ne pourrait m'apporter les réponses que je cherchais. J'avais besoin de réconfort, besoin que quelqu'un me dise que tout irait bien, et que tout reviendrait à la normale. Et la seule personne qui aurait pu me dire ça se trouvait face à moi, l'épée brandie et prête à frapper... Plus que jamais, j'avais cette sensation que ma vie ne tenait plus qu'à un fil, placé juste sous cette lame luisante; il suffisait qu'il l'abaisse en ma direction pour que celui-ci se rompe et que je sombre dans l'éternel. Je voulais mourir; rejeter ce nouveau monde, et en faire le plus mauvais cauchemar qu'il me soit arrivé. Quel serait l'intérêt de vivre si à mes côtés il n'y aurait personne pour me tenir la main? //

Wynn s'avançait vers l'albinos en armure, prête à accepter son sort et à mourir. Elle ne désirait plus que cela... Sentir la lame pénétrer sa boîte crânienne et trancher son cerveau, puis ne plus rien ressentir alors que le sang coulerait à profusion et enfin s'écrouler avec lourdeur contre le goudron. Ce n'était pas la mort qu'elle avait prévue, mais si son heure était venu, alors elle se contenterait d'accepter son destin. Elle ne pouvait pas s'échapper, elle ne pouvait pas fuir. Le monde s'était restreint, et elle se sentait enfermée entre quatre murs sans aucun place pour bouger. Elle avait perdu sa liberté, sa raison de vivre, et tout ce qu'il lui restait à affronter était la mort. Une mort rapide et si peu glorieuse... Et alors qu'elle s'avançait vers le chevalier, espérant recevoir le coup de grâce, un énorme son sourd résonna dans la zone urbaine. Wynn se figea, elle connaissait ce son... La détonation se réitéra une seconde fois, puis une troisième... Après avoir résonné cinq coups, la ville retomba dans le silence le plus complet. « Impossible... » furent les seuls mots qui parvinrent aux lèvres de Wynn. Cette chose que l'on appelait Big Ben venait d'annoncer cinq heures.
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Message par Silas Jeu 25 Fév - 5:55

La jeune femme s'était vivement redressé et l'avait menacé de son arc, un geste qui avait arraché un hoquet de surprise à Silas. Il n'avait encore jamais rencontré de femme combattante et c'était assez étonnant pour lui. Ses yeux rouges s'écarquillèrent mais son épée ne cilla pas, il changea de position, essayant de présenter le moins de points faibles possibles au tir. Elle lui parla de nouveau dans cette langue qui lui était inconnu mais qu'il comprenait parfaitement. Étrangement, le ton et l'accent lui disait quelque chose, cela lui rappelait le dialecte que les habitants de l'Angleterre employait mais ce n'était pas du tout cela. Et il n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi il comprenait ce qu'elle voulait dire. Le ton se voulait ferme mais la femme tremblait de tout ses membres et le chevalier ne mit pas longtemps à s'en rendre compte. Il se demanda en premier lieu s ce n'était pas un nouveau sortilège de la part d'un démon pour l'apitoyer et ainsi le piéger avec plus de facilité. Mais si c'était bel et bien un piège, alors c'était le plus complexe qu'il eut jamais vu, pourquoi créer une ville aussi étrange. A moins que …. il frémit à cette idée. A moins qu'il ne soit en Enfer et que la langue qu'elle lui parlait soit celle de Démons. Non, impossible, Dieu ne pourrait accepter qu'une telle épreuve soit endurés par un de ses servants les plus fidèles. L'esprit de Silas était embrouillé. Son instinct pur lui recommandait de tuer immédiatement la jeune femme pour être sûr qu'elle ne représenterait aucun danger. Mais d'un autre coté, si ce n'était pas un piège ou pire encore, si c'était un piège pour l'attirer à tuer une innocente … Décidément, il ne pouvait pas se permettre pareille chose. Sa décision fut par ailleurs précipitée par le fait qu'elle avait finit par baisser son arme et même la jeter à terre. Définitivement, il ne pouvait pas décider sciemment de faire du mal à un adversaire désarmé qui lui parlait de cette façon.

Il le sentait dans sa voix, elle était désespérée, perdue. Tout comme lui en fait. Si c'était un piège, c'était sacrément bien fait. Qu'était-il arrivé à cette femme ? Avait-elle subit la même chose que le jeune homme ? Connaissait-elle les environs ? Autant de questions qui ne pourraient trouver de réponses si Silas la tuait. Elle s'avançait vers lui, apparemment résignée à cette solution. Peut-être avait-il paru un peu trop menaçant dès son apparition. Doucement, il rengaina son arme dans un crissement métallique. De toute façon, il avait un avantage physique évident sur elle si par malheur elle devenait hostile. Il s'apprêtait à dire quelque chose, les mains présentées à plats devant lui pour signifier le pacifisme quand quelque chose résonna dans l'étrange ville. Instinctivement, son corps se mit en position de protection les bras levés devant lui pour éviter un danger. Mais il pivota également, se mettant dos à la jeune femme comme s'il avait voulu la protéger. Un vieux réflexe probablement et il se sentit un peu ridicule en se rendant compte que ce n'était que le bruit d'une tour qui sonnait. Un église donc mais sacrément forte celle là. Rassuré, il reprit sa position face à Wynonna puisque telle était son nom.

« Je ne vous tuerais pas. » Déclara-t-il simplement en latin.

Voilà déjà qui était dit, restait à observer les réactions qu'elle allait avoir. Le chevalier espérait que cela lui permette de déterminer définitivement s'il s'agissait d'une ruse ou bien d'une réalité assez angoissante. Pendant qu'il réfléchissait, des mots franchissaient la barrière de ses lèvres pour former des phrases qui résumaient assez bien ses pensées.

« Savez vous ce qui s'est passé ici ? Pourquoi tout est vide ? Quels sont ses bâtiments étranges ? »

Se rendant compte qu'il n'était pas particulièrement sympathique d'assommer ainsi ses interlocuteurs, surtout les jeunes femmes sûrement déjà troublées, de questions comme il le faisait, il s'interrompit brutalement. Les mots qu'elle avait prononcé en premier lui revinrent en mémoire quand il se rendit compte qu'il avait omit de se présenter à son tour alors qu'elle avait eu la politesse de répondre à sa question. Il se demanda d'ailleurs d'où lui venait cette impertinence qui l'amenait à lui parler ainsi. En plus, elle lui demandait d'où il venait, c'était pourtant évident étant donné le symbole estampillé sur son thorax. Pourtant, il inspira profondément et déclara d'une voix plus claire que tout à l'heure.

« Je me nomme Silas et je suis un envoyé du Saint Siège. »
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Message par Wynn Jeu 25 Fév - 17:04

C'était bien la première fois que Wynn entendait parler du Saint-Siège, n'ayant pas été élevée dans la foi catholique et n'ayant eu que de très brefs et désagréables rapports avec l'Église - notamment après avoir tenté de dérober un calice en or posé sur l'autel. A la consonance du nom, elle supposait qu'il devait s'agir d'un des nombreux sbires du pape, qui tentait vainement d'étendre son influence et de mettre un terme à la guerre qui se déroulait sur les fronts asiatiques. Mais quelque chose clochait. Elle avait vu de nombreuses fois le pape à la télévision, mais elle ne se souvenait pas avoir déjà vu l'Homme entouré de chevaliers en armure. Elle se souvient des hommes en costard et lunettes teintées qui agissaient comme sa garde personnelle, ainsi que les éminences habillées dans leurs robes de monastère, mais absolument aucun chevalier en armure. Elle resta inerte un certain moment, fouillant au plus profond de ses souvenirs pour tenter de se remémorer la vision d'un homme-conserve au côtés de sa Sainteté, mais visiblement elle ne trouvait rien... Possiblement parce qu'il n'y avait pas de chevaliers aux côtés du pape. En l'espace d'une seconde, son visage devint sévère et le sourire qu'elle affichait quelques secondes auparavant s'était complètement effacé. Il ne restait plus rien de ce visage tendre et souriant; il n'affichait seulement plus qu'une expression de colère intense avec un soupçon d'indignation.

« Stop fooling me around! »

Wynn avait prononcé ces paroles sur un ton belliqueux. Elle reprit son souffle un instant, avant de commencer un long discours durant lequel elle ne laissa pas le moindre répit à Silas, ni même l'occasion au jeune homme de lui répondre

« Je sais pas si tu es vraiment qui tu dis être, mais le pape doit vraiment être un mec stupide pour envoyer un type en armure dans les rues de Londres en 2017. On est peut-être dans un pays en guerre, mais faudrait peut-être que tu saches que ton armure ne te protègera certainement pas des balles, ça ne fera que te ralentir et par la même occasion te condamner si un taliban te fonce dessus avec un kalach'. Mais tu sais c'est quoi le pire dans tout ça? C'est que tu es même pas foutu de reconnaître London, capitale du Royaume-Uni et provisoirement capitale des États Alliés. Tu as été élevé dans un souterrain, sans télévision et avec pour seul compagnon une bible, c'est ça? Pfff... Je me demande pourquoi je perds mon temps avec toi, tu sais même pas où on est, et en plus j'ai l'impression que tu cherches à me tourner en bourrique. Je crois que je me débrouillerai mieux toute seule! Au revoir... Silas! »

// Je détestais déjà ce Silas. La dernière fois que j'ai été dans un pareil état, c'était lorsque j'avais dix ans, que Maman avait ramené encore un autre de ces abrutis à la maison en rentrant de boîte et qu'elle m'avait réveillée par ses putains de gémissements dans le salon. Je me demande comment j'ai fait pour lui reparler par la suite. En plus, c'était pas la première fois qu'elle le faisait ça, et pas la dernière fois non plus. Je me demande comment j'ai fait pour lui reparler par la suite, pour la considérer encore comme ma mère. J'avais seulement l'impression d'être un poids pour elle, que je ne comptais pas dans sa vie... J'étais juste là pour l'emmerder, pour gâcher sa vie et l'empêcher de chopper tous les mecs qu'elle voulait en boîte. Ouais, enfin... C'était pas dur non plus pour elle de choper en boîte. Elle était déjà assez extravertie comme ça, alors quand elle avait de l'alcool dans le sang c'était encore pire, et comme c'était une fille facile suffisait qu'un de ces abrutis approche son visage un peu trop près pour qu'ils finissent tous les deux au lit et que par la même occasion ils me réveillent. Je me demande si ce n'est pas pour ça que je n'aime pas vraiment les hommes... Peut-être que en réalité j'ai simplement peur de finir comme ma mère, à aligner mes conquêtes dans le lit et à ne pas pouvoir me souvenir de leurs noms... Je voulais que l'amour soit difficile pour moi, qu'il mette du temps à venir mais qu'une fois venu il durerait longtemps, voire toujours. Au fond, je ne voulais simplement pas ressembler à ma mère, je voulais être son contraire. Enfin... Maintenant n'était certainement pas le bon moment pour penser à ça. J'étais en plein Londres désert, avec un abruti habillé comme une conserve. Peut-être que si je cherchais un peu plus loin, je trouverais quelqu'un d'autre à qui parler, quelqu'un d'un peu plus sensé que lui. Parce que c'est bien beau de trouver quelqu'un d'autre qui semblait dans la même merde que moi, mais quand c'est une pauvre cloche qui sait même pas ce qu'est un immeuble je préférais encore voyager seule. //

Wynn fit volte-face à Silas, puis ramassa énergiquement ses effets personnels laissés au sol. Elle considérait avoir entendu suffisamment le chevalier et préférait s'en aller. Trop de choses bizarres lui arrivaient en même temps pour qu'elle prenne le temps de s'attarder sur un ahuri qui s'accoutre comme à une autre époque. En l'espace de quelques secondes, elle venait de s'imaginer un parfait scénario pour le reste de sa journée. Tout d'abord elle essayerait de comprendre pourquoi pendant des heures l'aiguille du Big Ben est restée inerte alors que dès qu'elle avait le dos tourné celui-ci s'est remis à fonctionner, puis elle irait par la suite faire un tour au Buckingham Palace pour dérober les effets personnels de sa Majesté - et avec lesquels elle deviendrait sans aucun doute la femme la plus riche d'Angleterre; et si jusque là la nuit n'était pas encore tombée elle irait faire un tour dans les magasins de haute couture pour se refaire une nouvelle garde robe. Finalement, ce n'était pas une si mauvaise chose que les gens aient disparus, au moins elle était libre comme le vent. Plus rien ne l'empêcherait de mener la vie dont elle avait toujours rêvée, à se balader en Rolls Royce en tenue de soirée, un immense cigare à la main et une coupe de champagne dans l'autre. Le monde des stars et des millionnaires s'ouvrait finalement à elle, fille des quartiers pauvres de Londres. Alors qu'elle fit le premier pas dans la direction opposée de Silas, quelque chose tilta. Ses poings se desserrèrent, faisant tomber le sac dérobé qu'elle tenait dans sa main gauche, et osciller son arc.

« Wait a minute... »

La rouquine se retourna vers Silas.

« Motherfucker! You speak Latin! And I can understand what you're saying... »

Wynn venait enfin de remarquer qu'ils ne parlaient pas la même langue mais que cela ne les empêchaient pas de se comprendre. Elle n'avait jamais fait latin à l'école, mais savait tout de même le reconnaître. Pourtant, elle le comprenait. Comment était-ce possible? Silas parlait latin comme si il s'agissait de sa langue maternelle... Même les plus grands historiens en 2017 n'arrivaient pas à réaliser cet exploit, alors comment lui le faisait? Tout s'emmêlait dans sa tête. Plus le temps passait, et plus la jeune fille se rendait compte que tout ce qu'elle connaissait de son monde s'était effondré. Il n'y avait plus aucun bon sens ni aucune logique dans ce qui lui arrivait.

// Ok Wynn... Ressaisis toi... Dis toi que tout ça n'est qu'un rêve, parce que c'est totalement impossible que tu comprennes un mec qui te parle le latin. C'est encore moins possible que Londres se retrouve complètement vide... Tout ce qui arrive est juste un rêve, c'est une illusion... Tu as du faire un accident alors que tu courais, tu t'es ouvert le crâne et tu es dans le coma. C'est pour ça que tu arrives pas à te réveiller... Mais... Si tout ça était vrai? Si tout ce que je vivais était bel et bien réel? Comment est-ce que je pourrais le savoir?... //
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Message par Mlle Sophia Jeu 25 Fév - 22:06

Sophia cligna des yeux, un peu stupidement. Le froid semblait être complétement retombé autour d'elle, bien que sous le choc, elle ne s'en rendit pas compte. A vrai dire, elle ne comprenait tout simplement pas ce qui venait de se produire. En fermant les yeux, elle avait jeter un noir sur la place centrale d'un petit village, dans les environs de Port-Royal, le sol en terre battue et les maisons tassés par le poids de leur vieilles pierres, mais lorsqu'elle avait rouvert les yeux, elle s'était retrouver au milieu d'une cité étrange, aux bâtiments rectilignes et colossaux, mélange à la fois saugrenue et effrayant de pierre, de fer et de verre. Le sol n'était plus qu'un fleuve rigide de matière noir, sur lequel quelqu'un avait peint des lignes blanche formant un complexe motif sur le sol. Sophia se tassa lentement sur elle même, tandis que la terreur prenait peu à peu la place de la stupeur dans son esprit. Ses doigts laissèrent échapper le seau en zinc, dont le choc sourd sur le sol la fit sursauter et se tasser sur elle même. Ses mains se crispèrent sur le rebord du puits, seul élément qui témoignait de son transfert et qui trônait avec incongruité au milieu du carrefour. Sophia s'y accrochait comme à une bouée de sauvetage, comme si en restant contre lui, et qu'elle fermait les yeux, cette illusion, ce cauchemar prendrait fin et qu'elle rouvrirait les yeux sur Port-Royal, par une belle matinée d'été. Pourtant, elle eu beau fermer les yeux en se portant la main au cœur, rien n'y fit... Des larmes commencèrent à rouler sur ses joues tandis qu'elle se tassa en boule contre la pierre brute du puits. Elle voulait crier, mais la peur et ses larmes crispaient son cri dans sa gorge. Elle ne pouvait que sangloter transie de terreur. Il n'y avait personne autour d'elle, la ville semblait morte, ou assoupie. D'étranges machines en fer étaient disposé un peu partout, souvent en rang, comme une armée monstrueuse et inhumaines. Des yeux de verres et des dents d'acier leur donnaient un faciès grotesque, et Sophia redoutait que ces démons immobiles n'attendent qu'un mouvement de sa part pour la réduire en charpie.

Des démons... Ce silence, elle s'en rendait compte étrangement, n'était pas naturel. La cité était vide, peut-être les démons les avaient-ils tous dévorés ? Peut-être était-ce la le châtiment divin ? Être jetée en pâture dans une parodie de ville infernale, pour le plaisir d'une horde de démons d'acier. Sophia se roula en boule se passant les bras autour des genoux, sanglotant à chaudes larmes dans le giron de sa robe. Elle n'arrivait plus à soutenir le regard vide des monstres machines. Il fallait se rendre à l'évidence. Elle cela n'avait pas le goût de la damnation, alors Sophia n'osait imaginer ce que cela pourrait être...

Mon Dieu je suis perdue, implora t-elle en serrant dans la paume de sa main avec l'énergie du désespoir le petit crucifix en or qui pendait à son cou, Tu m'a jugé indigne de ta grâce, et m'a précipité en Enfer. Je ne peux qu'implorer ta miséricorde mon Dieu. Ai pitié de ta fidèle...


Il n'y eu aucune réponse, aucun mouvement. Même les machines démoniaques ne réagirent pas, se contentant de lancer toujours le même sourire monstrueux dans le vide. Sa dévotion devait sans doute les amuser. Sans doute désiraient-ils se complaire de ses suppliques avant d'en finir avec elle. Sophia leva les yeux au ciel interrogeant les nuées grisâtres au dessus d'elle d'un regard suppliant.

Ai pitié mon Dieu..., répéta t-elle d'une voix mourante.

Pourtant elle le savait, rien ne pouvait racheter la Grâce divine...

Combien de temps resta t-elle sur place à se ronger les sangs, attendant d'une minute à l'autre qu'une de ces monstruosités se jettent sur elle. Plusieurs heures sans doute, passés à renouveler inlassablement ses prières et à chercher dans la foi quelques réconforts, en vain. Rien ne se passa, même pas un bruit, et lentement, la faim se fit sentir de plus en plus oppressante.
Peut-être que la décision de l'Archevêque avait été dicté par la main de Dieu... Peut-être que le Roi était réellement de droit divin, et que sa volonté d'éradiquer le Jansénisme était réellement un édit du Seigneur. Se serait-ils tous fourvoyé à ce point ? Dieu, se lassant de leur égarement, les aurait-il tous précipité dans les limbes ? Mais alors, où était donc les autres ? Étaient-ils dans cette ville ? Dans d'autres villes ? Loin d'ici ? Ou alors, et Sophia eu un frisson a cette idée, peut-être avait-elle été damnée seule...

Si c'était l'enfer, c'était un enfer étrange... Sans flammes, sans brasiers ni hurlements. Un enfer qu'elle n'aurait jamais imaginé, fort loin des descriptions taillées dans la roche des linteaux des églises. Pourtant cela était-il si étonnant que ça ? L'enfer était un lieu à milles lieux des conceptions humaines. Cette ville semblait présenter des fonctionnalités qui pour elle, étaient vide de sens. Les vitrines autour d'elle, présentaient des étales de choses qui lui étaient parfaitement inconnu. A quoi pouvait bien servir ces petites boites couverte de petits boutons qui s'alignaient sur la devanture ? Quelques instruments du démon sans doute. Ce lieu était étrangement vide de tentations infernales... A part la faim peut-être. Pouvait-elle manger quelque chose ici ? Était-ce qu'attendait les démons ? Sophia n'avait jamais abusé de la nourriture de son... vivant, aussi elle ne comprenait pas bien pourquoi ça serait de ce pêché que viendrait sa punition. Les démons étaient toujours immobiles, et Sophia avait épuisé ses larmes, creusant de profondes cernes rouges sous ces yeux. Elle s'essuya une dernière fois le visage de sa manche, et résolu de se redresser lentement.
Peut-être les machines étaient-elles endormis... Aucune d'elles ne réagirent à son mouvement. Sophia referma son livret de prière, qu'elle avait sortit pendant ses lamentations, et se le plaqua contre le cœur. A titre d'essai, les yeux toujours rivé sur le démon le plus proche, un rouge étincelant, elle se baissa et tendit le bras pour récupérer le seau en zinc. Aucune réaction non plus, même lorsque ses doigts se refermant sur la poignée, elle tira brusquement le récipient à elle entraînant un raclement sonore. C'était très perturbant...

Récitant un Pater, elle résolu de s'approcher de la machine. A petits pas, très lentement, sans jamais la quitter des yeux. Toujours pas de réaction, même lorsqu'au comble de la terreur, après quelques minutes, elle se trouva à portée de main de son front long et métallique. Se enhardissant encore davantage, elle tendit une main tremblante pour venir poser la paume contre la peau luisante de la créature. Son contact était froid, comme du métal, mais c'était bien tout. Aucune réaction, le démon semblait bel et bien endormi...
Sophia était complétement déstabilisée. Elle traça du doigt le signe de la croix, sachant que ce symbole ne pouvait être soutenue par les forces infernales, mais rien ne se produisit. Soi sa foi n'était pas suffisante, soi la créature était déjà morte, soi... autre chose, qu'elle ne savait pas, et ne comprenait pas... Elle resta un instant immobile, fixant la machine, avant de brusquement tourner talon, et de s'enfuir à en prendre haleine, dans les larges rues de la ville fantôme...

Elle dû courir bien un quart d'heure, ce qu'elle n'aurait jamais penser pouvoir faire. Aucun démon ne la poursuivit, tous ceux qu'elle croisa étant aussi immobiles que les autres. Elle angoissait à l'idée de quitter le puits avec lequel elle était arrivé, gardant espoir que celui-ci puisse lui permettre de rentrer chez elle mais elle se doutait que les plans de Dieu n'était pas aussi simple, et l'idée seule de rester immobile encore plus longtemps au centre de ce carrefour lui avait été insupportable. Maintenant qu'elle ralentissait enfin, hors d'haleine, la main douloureuse d'avoir serré trop fort la poignée de son seau. Les nombreux panneaux qu'elle avait croiser indiquait des directions qu'elle ne comprenait pas, dans une langue qui lui semblait ressembler à de l'Anglais... Pourquoi de l'Anglais en enfer ? Cette langue était-elle donc maudite de Dieu ? La perfide Albion était-elle donc aussi dans les affres de la damnation... A vrai dire, cela ne l'étonnerais pas beaucoup. Ils avaient ouvertement rejeté le Saint Siège en devenant anglican. De plus...

Sophia se figea... Le silence était rompu. De l'angle de la rue prochaine lui parvenait des voix. Des voix parlants des langues qu'elle ne connaissaient pas, mais qu'étrangement elle comprenait. Des démons en activité ? La jeune fille était figée de terreur. Cela ne pouvait être que le fait de quelques sorcelleries. Elle devait fuite, et vite, mais s'en sentait incapable. Entendre des voix, d'autres voix, après ces heures de silence douloureux, lui était agréable. Tentation du démon... Elle devait fuir, mais n'y arrivait pas.

Mon Dieu, protège moi je t'en conjure. Ai pitié de ta servante, insuffle lui la force d'affronter les épreuves que tu lui envois...

Brandissant son petit crucifix en tremblant, elle se résolu finalement à s'avancer en direction de l'angle de la rue. C'était contraire à tout ce qu'elle aurait dû faire pour se sauver, mais elle devait affronter son jugement. Fuir la colère de Dieu était inutile, et n'aurait fait que donner à Dieu une piètre image de sa foi en lui. Elle tremblait de tout son corps, et continuait, elle ne savait trop pourquoi, à se trimballer ce seau en zinc qui se balançait doucement en grinçant au rythme de ses pas. Elle arriva finalement à l'angle de la rue, et redoublant encore de prudence, jeta discrètement un coup d'œil.

Deux êtres se trouvait là. Un colosse aux cheveux blonds très clairs et au teint pâle, revêtue d'une imposante armure archaïque d'un autre siècle, et une femme, aux cheveux d'une couleur étrange et vêtue de manière indécente. Une prostituée, ou une tentatrice démoniaque sans doute ! Quelques succubes perverses à la langue fourchue. Qui puis-est, elle parlais anglais, ce qui acheva de convaincre Sophia que cette langue était maudite. L'homme en amure lui tournait le dos, et Sophia redoutait qu'il ne posséda un visage monstrueux de bête démoniaque. Était-ce là ses bourreaux ? Pourquoi une succube ? Elle n'avait jamais eu d'attirance pècheresses pour celles de son sexe... Quand à l'autre, il pouvait être le châtiment de n'importe quoi. Au contraire, elle comprenait fort bien que l'être femelle, puis être une damnée comme elle, surtout au vue de son inpudence, et l'autre, un païen quelconque. Sophia se retira de l'angle du mur, et se récita un Ave Maria pour se donner de la force. Elle se passa l'anse du seau sous le bras, libérant sa main pour tenir son petit livre de prière, qu'elle ouvrit sur un verset qui lui semblait approprié. Brandissant de nouveau son minuscule crucifix or, qu'elle avait libérer de son cou, le livre de la foi ouvert dans l'autre main, elle tourna finalement l'angle de la rue et s'avança vers les deux êtres. Démons ou pas, il était temps de prendre son courage à deux mains.

Créatures, êtes-vous hommes ou démons ? Êtes-vous l'instrument de mon châtiment, ou de pauvres hères jetés aux enfers comme moi ?
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Message par Silas Ven 26 Fév - 5:10

Le jeune homme n'avait pas bougé d'un pouce alors que Wynonna déchargeait sa colère sur lui alors que, de son point de vue, il n'avait absolument rien fait pour ça. En réalité, il avait décroché au bout d'un certain temps, n'écoutant plus du tout ce qu'elle lui disait. Son esprit était ailleurs, complètement détruit par ce que la jeune femme avait dit. C'était … totalement incompréhensible pour lui, il n'y avait aucune logique dans ses propos hors normes. Pourtant, l'esprit aiguisé de Silas avait réussit à capter deux informations qui lui paraissaient bien plus importantes que les autres : Londres et 2017. Tout d'abord, Londres, cette fois il n'avait pas compris. Il connaissait Londres, la capitale du Royaume d'Angleterre et l'une des villes les plus importantes d'Europe. Il en avait d'ailleurs vu plusieurs représentations. Mais ça, cette chose étrange dans laquelle il se trouvait, ce n'était assurément pas Londres. Alors pourquoi utilisait-elle le nom de cette cité à ce point connue ? C'était idiot, même un paysan pourrait percevoir la supercherie. Pourtant, une autre gigantesque incohérence venait camoufler celle là. 2017, elle avait annoncé cela comme s'il s'agissait d'une date, prenait-elle le chevalier pour un crétin ? Ils n'étaient pas en 2017 après la naissance du Christ, ils étaient en 1227. Pourtant, elle avait dit cela avec tant d'aplomb, tant de colère dans sa voix, Silas en était troublé. Se demandant jusqu'où pourrait aller le Diable pour tromper ses victimes, le piège trop évident pour être pris au sérieux mais qui en dissimule un autre etc, etc. Une idée venait de germer dans l'esprit du jeune homme, et s'il était bel et bien en 2017 dans Londres mais aussi … dans le futur ? Non impossible, trop invraisemblable pour qu'il y croit ne serait-ce qu'un instant. Pourtant, ses yeux rouges s'étaient écarquillés alors qu'il balbutiait.

« 2017 … Londres … Impossible … C'est impossible … Tromperie... »

Il voulait se jeter à sa suite, la retenir, lui poser les milles questions qui lui venait à l'esprit. Savoir ce qu'elle savait, quel était le système de référence qu'elle utilisait pour ses dates, car manifestement, ce n'était pas la naissance du Christ. Mais finalement, le chevalier n'en eut pas besoin, elle s'arrêta d'elle même, laissant tomber son étrange paquetage à terre pour se retourner vers lui. Il préféra ne pas s'attarder sur les abus de langage qu'elle employait, sûrement une femme du peuple même si son habillement était bien coloré pour cela, et se concentrer sur le fait qu'elle connaissait la langue qu'il parlait. Le latin évidemment, la langue de la chrétienté, comment pourrait-il en être autrement ? Néanmoins, cela le surprit, lui qui ne connaissait toujours pas la langue dans laquelle elle s'adressait à lui, c'était assez surprenant et presque vexant qu'elle connaisse la sienne. Mais le pire dans l'histoire restait que cela semblait la surprendre qu'elle le comprenne, pourtant le latin était encore très souvent usité en Europe même si l'on constatait l'émergence de langues dérivés du dialecte sacré.

« Bien sûr que je parle ... »

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase qu'à nouveau, un événement inattendu eut lieu, une voix surgit de derrière lui. Une nouvelle vois, féminine elle aussi, il allait finir par croire qu'il se trouvait en Enfer, entouré de succube... Heureusement, la vision qu'il eut en se retournant le réconforta au plus haut point, comme une bouffée d'espoir alors que tout semblait si obscur ses derniers temps. Une femme, complètement adulte cette fois ci et habillé de manière beaucoup plus décente bien qu'il ne reconnaisse pas bien ces vêtements. Elle avançait vers eux avec un air effrayé mais surtout, elle tenait un crucifix doré à la main, un signe qui soulagea Silas comme nul autre n'aurait pu le faire. Soulagement encore amplifié quand il constata qu'elle tenait à la main un livre, un livre qui ne pouvait être qu'une bible au yeux du colosse albinos dont les traits déformés par l'angoisse était redevenus lisse en observant la scène. Il releva les yeux vers le ciel, murmurant doucement comme une prière.

« Merci Seigneur. Vous ne m'avez pas abandonné ... »

Il se signa, recouvrant ainsi les emblèmes des états pontificaux par une croix chrétienne imaginaire, comme pour former un double rempart avec ces simples symboles. Il se tourna complètement vers la femme pour lui montrer ses paumes vides. A ses yeux, cela ne pouvait être un piège, on ne pouvait pas se servir de la foi pour fomenter un coup fourré, même le Diable n'en était pas capable. Ses yeux rouges se fixèrent sur le visage de Sophia, ne reflétant que bonheur et bonté. Il s'efforça de paraître amical malgré le fait qu'il porte une armure et une arme aussi longue qu'un bras à la ceinture. Toujours en latin, sans se soucier de la langue dans laquelle elle lui avait parlé, il avait cru reconnaître quelques mots ressemblants à du latin et il l'avait comprise donc elle devrait le comprendre, il se remit à parler.

« Ma sœur. Nous sommes de pauvres humains, tout comme vous. Et il semblerait que nous ayons été plongés dans un bien étrange Enfer... »

Ceci dit, ses yeux dérivèrent vers Wynonna derrière lui. Avait-il eu raison de dire qu'elle était humaine au même titre que lui ?
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Message par Helena Shaw Ven 26 Fév - 7:29

Pendant plusieurs semaines, ils s’étaient retrouvés finalement à trouver leurs chemins de sorti hors de la forêt qui s’était révélé être assez grande. Et même lorsqu’ils en sortirent, ils réalisèrent qu’ils étaient bien loin du reflet dans le sable. C’était vers là où elle voulait aller pour récupérer ses affaires. Ainsi, ils marchèrent des jours durant, voyant des choses qui n’étaient définitivement pas à leurs places. Les éléments du passé côtoyaient ceux du présent, tandis que ceux qu’elle supposait du futur se faisait écraser par ceux du passé. Mais à un certain point, il n’y avait plus grand chose qui l’impressionnait. Il suffisait qu’elle se regardait, puis qu’elle jetait un regard à Nexus, et réalisait qu’ils étaient la preuve même de l’incongru, de l’incohérence, de l’erreur. Il y avait une raison derrière toute cette mascarade. Laquelle ? Helena n’en avait pas la moindre idée.

Accompagné de son désormais attitré gladiateur personnel, Helena s’arrêta en plein milieu de nul part, les pieds sur la roche. Toujours dans le même pantalon noir, les bottes, la chemise de moins en moins blanche aux manches retroussées, la trentenaire fixa un peu les quelques collines devant elle. Le romain s’arrêta juste à côté d’elle, lui aussi exactement pareil, cependant sans casque. L’ayant perdu plus tôt, il se baladait désormais sans.

- Pourquoi t’arrêtes-tu ?

Elle regarda par terre à ses pieds.

- Why is the ground wet here?

Son pied se leva un peu et révéla un mince filet d’eau. Le suivant tous les deux du regard, ils le perdirent de vue tellement il s’étalait jusqu’à très loin.

- Tu veux savoir d’où provient l’eau ?

- Does it look like we have anything else to do here?

Elle lui sourit, et il lui rendit le sourire, puis se mirent à remonter le fil de l’eau. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, le mince filet d’eau grandissait de plus en plus, puis ils rencontrèrent d’autres filets d’eau sur la roche qui semblaient provenir du même endroit. Le filet d’eau devint une grande flaque finalement qui semblait cependant avoir une provenance qui, d’après ce qu’ils pouvaient voir, se trouvaient derrière les collines. Ils n’avaient même plus besoin de garder les yeux fixés sur le sol pour voir d’où venait l’eau. Quand au bout d’un moment, Nexus remarqua quelque chose :

- Helena...

Il lui pointa le haut de la colline d’où dépassait ce qui semblait être la pointe d’une tour. Elle se concentra dessus, essayant de discerner quelque chose qui pourrait lui donner un indice quelconque.

- Tu sais ce que c’est ?

- Not sure. Can be nothing, can be a very big thing.

Ils décidèrent de grimper la colline. Le romain, plus habitué aux terrains inégaux et aux randonnées improvisés prit les devants et arriva rapidement en haut. Helena qui peinait à monter le regarda d’en bas voir ce qu’elle ne pouvait pas encore. Elle s’arrêta et repoussa ses cheveux couleur de feu en arrière d’une main, puis se releva et posa les mains sur ses hanches.

- You see anything, Nexus?

- Eeeuh...je vois quelque chose...

- What is it?

Il continua à essayer de deviner, sans pour autant arriver à une quelconque conclusion.

- Je ne pourrais pas dire.

Rapidement, elle alla le rejoindre et il l’aida à faire le dernier pas. Quand elle vit elle aussi...elle en resta bouché bée.

- Well...I’ve seen a lot of things...but I got to admit...didn’t thought of that one...

- Et...qu’est-ce que c’est ?

- That my friend...is London. Or at least a part of it.

- - -
Un morceau de Londres. Pourquoi pas tout Londres en entier...ou pourquoi pas juste Scotland Yard ou juste Buckingham Palace ? Pourquoi une partie de Londres seulement. Une grosse partie, mais une partie quand même. Tous les deux se tenaient devant un énorme genre de demi-cercle où l’eau s’en écoulait encore. La Tamise...coupé directement dans son cours. L’eau n’ayant plus aucune mer où se déverser, la rivière s’était vidée tel un tuyau d’arrosage coupé en deux. Un gros, très gros tuyau d’arrosage.

- That’s where the water comes from, most likely.

Il y avait en effet un semblant d’une grosse flaque juste après la rivière séchée. Elle le contourna et alla rejoindre Nexus resté un peu arrière, puis ils marchèrent en direction du premier morceau de coltard qu’ils pouvaient trouver, pendant que Helena faisait les guides touristiques pour personne venant d’au moins avant Jésus-Christ.

- Britannia as you know will be in the future Great Britain, and his capital city will be London. On your left, you can see a part of it, dit-elle sarcastiquement pour elle-même.

Elle fit un pas en avant et posa le pied sur une route, puis avança un peu, avant de réaliser qu’il manquait quelqu’un derrière elle. Lorsqu’elle se retourna, elle vit le romain se tenir juste avant le début de la route, le bouclier droit, la main sur le glaive, ne voulant pas faire un pas de plus.

- Oh come on, I know it’s...impressive and stuff, but these...

Elle pointa les bâtiments à côté de la rue.

-...are just...buildings. It’s just a big fat-ass city.

- Ce n’est pas ça qui m’effraie. Les constructions sont juste plus grandes que celle à Rome, même si j’ai du mal à imaginer des gens transporter des pierres aussi grosses et les empiler aussi haut.

- So! What the Hell are you afraid of?

Il pointa à nouveau une direction, juste à côté d’Helena en réalité. Elle tourna la tête dans la direction.

- You gotta be kidding me...it’s a car! It won’t hurt you!

Elle réalisa ensuite que quelque chose d’aussi banal pour elle devait ressembler à un amas de métal ayant l’air d’une bête ou de quelque chose dans le genre, alors que c’était juste une BMW décapotable. Elle marcha rapidement vers la voiture et tendit sa main vers la carrosserie :

- Look...I’m touching it...nothing happens to me. I’m not dead or I hurt. It won’t bite me...[/size]

Il n’avait définitivement toujours pas l’air convaincu. Alors qu’elle expliquait qu’est-ce qui était une voiture, elle donna un coup dedans, puis ouvrit la portière s’assit à l’intérieur.

- It’s a car. It’s like...your thing pull off by horses. Except...there’s no horse. It can move all by itself. That’s why it is call automobile...it can move automatically. For God’s Sake...come here! [/size]

Elle agita les mains dans la voiture, lui signalant qu’il n’y avait rien.

- Although, I never saw this model. It was not supposed to be on the market for...three years minimum. That means this may be a kind of...”from the future” London.[/size]
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Message par Wynn Sam 27 Fév - 4:01

Lorsque Wynonna vut cette femme s'échapper du coin de la rue en brandissant un crucifix, elle ne put s'empêcher d'émettre un petit rictus de déconfiture. Elle se sentait dépassée par les évènements et à l'intérieur de son cerveau fusaient des centaines de milliers de questions en même temps, faisant bouillonner le peu de matière grise qu'elle possédait. Elle cherchait des réponses, mais n'avait personne vers qui se tourner. Certes, il y avait Silas, mais celui-ci semblait aussi perdu que lui et ne lui serait certainement pas d'une grande aide; quant à cette femme qui venait d'apparaître, il semblait inutile de lui poser une quelconque question sur l'endroit, semblant aussi avancée que Wynn sur le sujet. La jeune fille se laissa tomber sur le trottoir, observant avec lassitude les centaines de voitures qui dessinaient un long fleuve métallique sur Bridge Street. Si Dieu existait, alors il avait trouvé le supplice suprême pour punir Wynn de tous ces crimes. Mais pourquoi elle, et pas une autre personne? Il y avait des millions de criminels sur Terre, et des milliers qui étaient cent fois pire qu'elle, pourquoi ne pas les avoir choisi eux? Surtout que elle n'avait tué personne, elle se contentait seulement de les priver de certaines de leur possession - et des fois de les assomer si elle n'avait pas d'autres choix. Wynn fixa pendant un instant la carosserie de la voiture qui était stationnée juste devant elle. Elle prit quelques secondes à s'observer, à constater que ses yeux avaient rougi et que son teint était blême. Normalement, elle aurait tout de suite appliqué un peu de maquillage pour limiter les dégâts, mais aujourd'hui n'était pas un jour normal. Elle se contenta de fixer ainsi son reflet, des secondes durant, sans laisser apparaître une quelconque expression sur son visage. Elle était fatiguée, et avait besoin de dormir pour se remettre de ses émotions - du moins, si elle y arrivait... Tout l'espoir qu'elle avait accumulé en rencontrant Silas, seul autre être vivant qu'elle avait pu trouver s'était évaporé... Wynn finit par prendre une longue inspiration, plongea une dernière fois son regard dans les reflets métalliques des voitures puis finit par répondre à la question de la nonne.

« Je suis une humaine, une femme, tout comme toi. Et comme toi, je ne sais pas ce qui nous arrive, ni où nous sommes... Cette ville ressemble en tout points en celle qui m'a vu grandir, mais ce n'est pas la même. Normalement, ici les rues sont remplies de gens. »

Un sentiment mélangé de mélancolie et de nostalgie pouvait se faire sentir dans la voix de Wynn. Elle regrettait déjà la veille, où la ville était animée et où la bonne humeur reignait. Cette ville où de jour les voitures circulaient dans les rues, et où la nuit mille lumières d'artifice éclairaient les sombres rues de ce Londres en guerre. Elle revoyait encore les gens qui vaquaient à leur trains trains quotidiens, ne se souciant guère du massacre qui avait lieu au même moment en Asie australe si ce n'était lorsqu'ils étaient avachis devant leurs télévisions et confrontés à la dure réalité des images. Ce monde qu'elle connaissait avait disparu sous ses pieds, ne laissant derrière lui qu'un immense champ de ruines, des catacombes flamboyantes de cette cité où l'impérialisme occidental dominait. Mais Wynn n'arrivait simplement pas à l'accepter. Elle qui avait par de trop nombreuses fois été qualifiée d'être sans coeur, peut-être était-elle finalement trop humaine pour accepter la disparition de ces millions de vies. Une nouvelle fois elle prit un instant à se regarder dans la portière de la voiture qui faisait office de miroir, contemplant son image sans trop vraiment savoir pourquoi. Probablement cherchait-elle à travers son image la motivation d'affronter les évènements auxquels elle était confronté; mais tout ce qu'elle trouvait n'était que mélancolie et désespoir. Elle savait pertinemment qu'il fallait qu'elle se relève et affronte ses problèmes, mais elle n'était pas prête. Elle voulait simplement rester là, sans bouger et ce jusqu'à ce que la faim l'entraîne vers l'Akherousia, endroit où criaient pour l'éternité les âmes qui n'auraient pas payé leur tribut aux dieux. Dans un élan de désespoir, elle tendit la main vers l'avant, espérant que quelqu'un viendrait l'aider et la délivrer du supplice auquel elle devait faire face. Une sensation de froid l'envahissait, lui faisant tout d'abord dresser l'échine puis provoquant une horripilation le long de ses jambes et de ses bras. Elle resta comme dans cette position pathétique une dizaine de secondes, avant de se rendre compte qu'il n'y avait personne pour l'aider... Elle était seule... Enfin... Du moins se sentait-elle seule.

« Vous savez... »

Elle marqua un long silence, puis osa enfin détourner ses yeux vers la nonne et le chevalier.

« ... Au début, je pensais rêver, puis je me suis dit que je ne rêvais pas et que vous me preniez pour une abrutie, avant de me dire que peut-être que finalement j'étais morte... Mais je ne rêve pas, et vous semblez tous les deux enbourbés dans la même merde que moi... Peut-être que nous sommes tous les trois morts en fait... Et que cet endroit est l'au-delà; enfin... l'Enfer comme vous l'appelez si bien. »

Puis dirigeant son regard vers la nonne, espérant retrouver du réconfort dans cet autre présence féminine.

« Je voudrais savoir... Tu es qui? Et accoutrée comme tu es, tu viens d'où? »

Détournant cette fois-ci son regard en direction de Silas

« Et toi Silas? Tu viens d'où exactement? »

Wynn se doutait qu'elle n'avait pas la confiance des deux protagonistes, ce qui était quelque part logique car elle ne leur accordait pas non plus la sienne. Ils semblaient tous les trois provenir d'une époque différente et avoir chacun des ambitions et des convictions différentes. Mais déduisant que si tout ce qui les entouraient était réel - ou tout du moins faisant partie d'une quelconque matéralité shéolienne - c'est à travers les autres qu'ils trouveraient des réponses, alors il était certainement temps de commencer à creuser et comprendre la véritable nature de l'espace qui les entouraient. Wynn déposa sa paume gauche sur le trottoir, puis se releva en induisant une pression sur celle-ci. Elle fixait ses deux interlocuteurs, avec la conviction que ceux-ci pourraient l'aider à trouver des réponses. Elle avait besoin d'eux; il n'y avait qu'eux qui pouvaient l'aider. Autrement, elle se retrouverait seule à affronter ses fantômes; et Wynn savait avec certitude qu'elle ne trouverait qu'à se donner la mort si elle était laissée en proie à la solitude - tout du moins si la mort voulait d'elle.
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Message par Mlle Sophia Lun 8 Mar - 18:52

Qu'en penser ? Leurs paroles semblaient pleine d'apaisement et de promesse, mais Sophia ne se sentait pas encore assez folle pour croire aveuglément ce qu'elle entendait. L'homme blanc portait les armoires pontificales du Saint Siège, deux clés d'or surmontée d'une tiare, mais son visage livide encadraient deux yeux rouges à la manière du diable. Son visage semblait dur, buriné par l'expérience, et presque effrayant combiné avec ces prunelles de feu. Un démon ne saurait pourtant porter les insignes du Pape sans défaillir, à moins qu'il n'en s'agisse là qu'une d'une odieuse parodie, tour narquois de quelques entités infernales se moquant des instances divines. La jeune fille, pour sa part, ne semblait pas plus engageante... Malgré le grand désespoir qu'il semblait s'être abattue sur elle, elle n'en demeurait pas moins revêtue de manière indécente et outrageusement provocatrice, preuve évidente et ostentatoire de la perversion de son âme. De même elle prétendait à avoir grandit dans une ville telle celle-ci. Sophia savait que de tels endroits n'existaient pas sur la Terre. Toutefois, il fallait reconnaître que ni l'un, ni l'autre, n'avait montrer quelques signes de défaillances que ce soit devant l'image de la croix qu'elle brandissait tant bien que mal du bout de ses doigts tremblants. Si ils n'étaient pas des démons venus la tourmenter, ils devaient donc être d'autres damnées déchus par Dieu à expier leurs fautes dans cet enfer de ville grise. Une multitude de doutes et de questions assaillaient Sophia, qui s'en retrouvait encore plus perdue et esseulée qu'avant qu'elle ne se décide à tourner l'angle de la rue et à faire face aux nouveaux venus. Son regard ne cessait d'aller nerveusement de la prostituée au chevalier. Elle se mordit les lèvres, maudissant son manque de clairvoyance et la fragilité de sa foi en le Seigneur. Qui sait ce que ces deux là pouvaient avoir commis comme atrocité pour être punis ici ? A moins que tout simplement, ils n'aient pas eu la Grâce... Comme elle... même si c'était pêché que de juger soi-même la bonne tenue de son existence. Seul Dieu était juge... Elle seule n'y arriverait pas. Pas sans aide, pas sans Lui...
Mais le divin restait sourd à ses prières.

Soit... admit finalement Sophia d'une voix mourante, à contrecœur. Il ne semblait pas qu'elle avait tellement le choix... En absence d'éléments supplémentaire pour trancher les nombreux troubles qui l'animaient, elle ne pouvait qu'accepter la présente situation, tout problématique qu'elle puis-ce être. Elle abaissa lentement son bras, bien que continuant à serrer son crucifix jusqu'à s'en blanchir les phalanges. Elle n'avait pas l'habitude d'être livré à elle-même, de devoir prendre des décisions. On ne l'avait jamais éduqué à réagir à ce genre de situation, comment d'ailleurs aurait-on pu seulement le faire ? Cela sortait totalement du sens commun, du domaine de l'imaginable ou du prévisible. Le silence de mort qui planait dans cette ville fantôme seule était presque au delà du descriptible. Pas un chant d'oiseau, par de cris, pas de hennissement. Rien qu'un silence profond et pesant. Sophia n'osait pas se l'avouer, surtout à cause de la crainte et des appréhensions qu'il la tenaillaient encore, mais elle était soulagé de rencontrer enfin d'autres gens en cet endroit, tout effrayants soient-ils. Le Chevalier prétendait avoir la foi. Il s’appelait Silas, la jeune fille lui avait dit. C’était un maigre réconfort, mais le seul à sa disposition…

Je… m’appelle Sophia… Sophia Laurence et…
Sophia hésita un instant quand au bien fondé de dire ce qu’elle avait en tête à la jeune fille. Elle se lança finalement à l’eau, ...je suis vêtu comme se devrait toute femme respectable sous le regard de Dieu. Pour votre dernière question je viens du Royaume de France, je suis né à Limoges, bien que je m’apprêtait à porter le voile a l’Abbaye de Port-royal, bien que notre roi Louis le XIVème, a sembler en avoir décidé autrement…

Un grand silence s’appesantie à nouveau. Elle ne voyait pas franchement quoi rajouté, et son interlocutrice avait déjà demander à Silas son origine. Elle ne devait pas avoir reconnu les armoiries pontificales, bien que cela n’indiquait en rien, il était vrai, de quelle contrée le Chevalier avait vu le jour. Restait donc à lui demander à elle d’où elle venait, bien que maintenant qu’elle s’en rappelait, quelque chose contrariait Sophia. La jeune femme fronça les sourcils. Elle avait dit que cette ville était ordinairement pleine de monde… Cela voulait dire qu’elle connaissait déjà, d’une manière ou d’une autre, cet antre infernal… Elle n’était peut-être pas si humaine qu’elle le prétendait…

Hum… et… et vous ?
Se décida finalement à prononcer Sophia, non sans une certaine méfiance. Il sembla toutefois que la réponse n’était pas pour tout de suite…

Un puissant fracas, tel si une masse colossale s’était abattu brusquement sur le sol, parvinrent à ses oreilles, la faisant sursauter. Dans la confusion, le seau glissa de son bras et s’en vint frapper le sol d’un tintement sonore, bien que complètement assourdie par le chaos de destruction qui semblait s’être déchaîné un peu plus loin. Du bruit de verre brisée, de roches qui craquent, de murs et de briques qui s’effondrent. Puis un bruit assourdissant, tel celui du canon. Sophia se jeta à plat ventre, terrorisé et le teint pâle. Elle se protégea le visage du mieux qu’elle put en se recroquevillant sur elle-même. Pourtant rien ne se passa. L’incident sembla avoir eu lieu trop loin de leur position pour que de quelconques retombées les atteignent. Sophia s’autorisa un rapide coup d’œil par dessus le creux de son bras, pour apercevoir un imposant panache de fumée noir s’élevant d’un quartier juste à peine à quelques rues d’eux. L’Enfer semblait commencer à se déchaîner…
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Message par Silas Sam 20 Mar - 21:36

Les yeux rouges palpitaient de peur et d’incompréhension, passant sans interruption autour du visage des deux femmes. Une attitude qu’il avait finit par trouver tellement habituel qu’il avait cessé de la réprimer. Le nombre de chose qu’il n’arrivait pas à comprendre s’accumulait à une telle vitesse qu’il commençait à croire que cet endroit était bel et bien un Enfer mais qu’il ne l’était pas par son apparence mais bien par les absurdités qu’il ne cessait d’y voir et d’y entendre. Plus rien ne semblait avoir de sens et s’il s’était brusquement retrouvé en haut d’une de ses gigantesques tours d’origine inconnue, il n’en aurait pas été plus surpris que cela. Autant l’historie qu’avait raconté la jeun Wynonna ne l’avait pas étonné plus que cela, elle avait l’air de connaître cet endroit, aussi incroyable que cela puisse paraître. De toute façon, la date qu’elle avait prétendue connaître tout à l’heure avait trop effrayé le chevalier pour que le reste puisse lui faire peur d’une quelconque manière. Il avait pourtant repris espoir avec l’apparition de la femme et de son crucifix, enfin quelqu’un qui croyait en la même chose que lui. Malheureusement pour Silas, il avait vite déchanté, la jeune femme avait posé une question à laquelle elle s’était empressée de répondre et cette fameuse réponse paraissait presque aussi absurde que le reste aux yeux du jeune homme qui éprouvait alors une intense déception. Le Royaume de France …. Ça d’accord, à la limite, il connaissait très bien même s’il ne s’y était jamais rendu. Non, ce qui posait réellement problème dans ce discours, c’était le nom de ce fameux Roi de France. L’albinos n’avait jamais passionné par les noms des Rois de France de son époque mais il était sûr d’une chose, on n’était pas encore arrivé au quatorzième. Encore une fois, c’était une situation absurde. Il se trouvait face à deux femmes, l’une lui disant qu’elle venait de l’an de grâce 2017. L’autre affirmant connaître un roi de France qui n’était pas encore né. C’était à s’en taper la tête contre les murs, une chose qu’il ne ferait jamais évidemment cela ne ferait qu’empirer la situation. En réalité, il était si étonné qu’il se trouva à prendre un long moment de réflexion avant de répondre à la question, pourtant très simple que lui avait posé la jeune femme.

« Hum, … Je … Il bafouilla un instant puis reprit ses esprits, ses mains se posant ensemble sur les marques de son armure, symbole éternel et rassurant de sa patrie et de son allégeance. Je suis né dans la Ville Eternelle et j’ai offert ma vie au Saint Siège et aux Etats Pontificaux. »

Les derniers mots qu’il avait prononcés avait été tout bonnement avalé par un fracas monstrueux qui avait résonné longtemps dans l’Enfer gris. En moins de dix secondes, la scène changea du tout au tout. La dénommée Sophia se jeta à terre et un crissement métallique fit comprendre à tout le monde que dans un réflexe de défense ancré au plus profond de son esprit, Silas avait dégainé sa très longue et très grosse arme. Évidemment dans un tel contexte, c'était aussi ridicule qu'inutile mais sentir le poids de son épée dans ses mains le rassura un instant. C'était un peu comme si tant qu'il garderait ce stupide bout de ferraille avec lui, rien ni personne ne pourrait lui faire de mal. Un sentiment assez idiot, il le reconnaissait lui même mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il resta donc dans cette position, les doigts crispés sur le pommeau de l'arme à tel point qu'un être humain normal aurait déjà eu les phalanges blanchies. Évidemment, sur un albinos, on le voyait beaucoup moins bien. Sa tête se tournait en tout sens à la recherche de l'origine du bruit, ses yeux rougeoyants fixant alternativement tout les objets qui passaient dans son champ de vision. Enfin, ils tombèrent sur le fameux panache de fumée noire qui s'élevaient un peu plus loin. Il allait partir voir ce dont il s'agissait mais il se retint brusquement et fonça s'agenouiller à coté de la jeune femme. Il voulait s'assurer qu'elle allait bien et après un examen rapide, il conclu qu'elle n'avait aucune blessure visible et comme ces blessures étaient les seuls qu'il était en mesure de réparer, pas besoin de se soucier des autres. Il se redressa donc en vitesse.

« Je vais voir. »

Il se remit à courir droit dans cette direction, son armure produisant un son bien particulier à chacun de ses pas de géants. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour atteindre son but même s'il avait bien cru se perdre dans un dédale tant les rues étaient agencées étrangement pour lui, c'était presque trop géométriques. Heureusement qu'il y avait la fumée et l'odeur de brûlé pour se repérer parce que dans le cas contraire, il n'aurait jamais vu ce qu'il était en train de regarder. Un spectacle très étrange. Les boites métalliques qui parsemaient habituellement les rues de cette étrange ville étaient détruites, complètement noircies par les flammes et cabossés comme si un géant les avait mâchouille longuement avant de les recracher. Un énorme trou était apparu au milieu de la route, on devinait qu'il était récent à la fumée qui en sortait encore. Quelques mètres plus loin se dressait celui qui semblait être le responsable de tout ça, un homme à la carrure imposante mais qui ne pesait rien en comparaison du chevalier médiéval. Au lieu d'une armure, il portait un étrange habit vert et son épée était un espèce de gros bout de métal très étrange et allongé au bout pour former un minuscule tuyau. Qu'est-ce que c'était encore ?
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Message par Helena Shaw Lun 22 Mar - 7:49

Helena prit un torchon accroché quelque part, puis attrapa le manche d’une casserole qu’elle retira de la plaque chauffante. Elle chercha un moment sur le panneau de la plaque où se trouvait les boutons, puis baissa le niveau du feu jusqu’à que le voyant lumineux affiche zéro. Elle retira le couvercle de la casserole, et tandis que la vapeur montait, elle sentit cette odeur de baked beans. Son regard chercha une cuillère et sa main en prit une rapidement dans un support à couvert. Elle plongea ensuite la cuillère dans la sauce rouge, vérifia que le fond n’était pas grillé, prit quelques fèves, souffla dessus et l’avala ensuite. Alors qu’elle laissait la cuillère dans la casserole, elle se retourna et regarda l’appartement, s’appuyant sur le comptoir. Le son qui avait attiré leur attention continua de faire son bruit. La radio indépendante marchant probablement à énergie solaire continuait de produire sa musique. La trentenaire traversa l’appartement, longea un genre de salon en passant devant une télévision plate géante, et d’un doigt, éteignit la radio.

- There is something so wrong here.
(Il y a quelque chose qui cloche ici.)

Son regarda scruta à nouveau l’appartement de long en large.

- It’s like...everybody was here. And then in one second, they all disappeared.
(C'est comme si...tout le monde était là. Et puis en une seconde, ils ont tous disparus.)

- C’est pourtant ce qui nous est arrivé à nous, lui dit le romain.

Elle acquiesça d’un mouvement de tête positif, les mains sur les hanches.

- On était là, et un instant, on ne l’était plus.

Helena fit quelques pas absent, vit un journal ouvert sur une petite table, et d’un geste nonchalant repoussa une moitié du journal pour le refermer. Et la première page lui confirma ses suppositions. A part le titre en gros, elle vit la date du jour affiché quelque part : le 21 mars 2017. Elle trouva amusant qu’en 2017, il y avait toujours des journaux en papier. Mais ne connaissant pas le futur, elle ne put que supposer qu’ils étaient au moins 2017. Peut-être était-ce un vieux journal, même s’il n’en avait pas l’air. La trentenaire vit le romain marcher jusqu’à la fenêtre tranquillement, et regarder dehors dans la rue.

- Il y a quelqu’un dehors.

- What...?
(Quoi ?)

Elle marcha rapidement jusqu’à la fenêtre et regarda qu’au niveau de la rue, deux étages plus bas, il y avait effectivement quelqu’un. Un soldat, à en juger par son habit vert kaki, le casque et son fusil d’assaut. Ce n’était cependant pas un soldat des temps modernes, du style guerre d’Irak. Il semblait crasseux, sale et boueux. Il semblait aussi léger en équipement, chose que les soldats “modernes” ne sont définitivement pas. Elle se pencha un peu plus vers la fenêtre fermée et essaya de voir ce que le soldat faisait. Accroupi sur un genou au sol juste à côté d’une voiture, il tenait un briquet type Zippo dans sa main, s’efforçant à faire prendre feu un torchon sortant du réservoir d’essence ouvert. Apparemment, le morceau de tissu avait prit feu, car il se mit aussitôt à courir et se jeta derrière un genre de petit muret en bêton. Helena ne comprenait pas exactement ce qu’il voulait faire, puis elle réalisa. D’un geste rapide, elle poussa le romain jusqu’au coin de la fenêtre tout en le suivant, puis baissa un peu la tête lorsque l’explosion se fit. Les vitres volèrent en éclat, mais presque collé contre le mur, ce fut un moindre mal pour eux. D’autant plus que le bouclier de Nexus les protégea un peu.

Les deux laissèrent retomber les morceaux de vitre dans un fracas, puis relevèrent la tête. Helena revint à la fenêtre et tout en se penchant, scruta de nouveau la rue à la recherche du soldat. La colonne de fumée de l’explosion lui cacha cependant la vue, et elle ne put que vaguement l’apercevoir toujours derrière son muret. La femme d’affaire se retourna vers Nexus encore une fois choqué, le regard perdu quelque part. Puis de ses lèvres sortirent en latin :

- Etait-ce la colère des Dieux ?

-...what? No...No it’s was just an explosion...
(...quoi ? Non...non c'était juste une explosion...)

Elle le dit tout en s’approchant doucement vers lui. Quand un autre bruit l’arrêta. Un fracas métallique constant, comme un mouvement mécanique répété. Un frottement répétitif de métal. Curieux, les deux se rapprochèrent de la fenêtre, et virent apparaitre au coin du mur un homme totalement en armure s’approchant de la carcasse fumante de la voiture, l’épée dégainée. Puis il s’arrêta. Le soldat sortit de derrière son muret et regarda avec perplexité le chevalier en armure. Aucun des deux ne dit rien, mais le chevalier engagea la conversation. Ils ne purent entendre grand chose, mais tous les deux reconnurent aussitôt la langue latine. Ce fut le déclic pour Nexus qui se mit à courir avant même que Helena ne puisse le retenir.

Courant bien plus vite qu’elle, le gladiateur trouva son chemin dans le dédale d’escalier, poussé par la volonté de tomber sur quelqu’un qui parlait la même langue que lui. Ce chevalier était possiblement son seul point d’ancrage, sa seule lueur d’espoir depuis qu’il était arrivé dans ce monde de fou, où il n’avait plus aucun repère. Lorsque l’ex-américaine sortit du bâtiment dans la rue, elle vit les deux guerriers converser en latin, gardant cependant une certaine distance l’un de l’autre. Ils essayèrent de savoir d’où l’autre venait en quelques mots. Tandis qu’elle était passée de la course à la marche rapide, elle vit le soldat marcher et contourner le reste de voiture en feu, la mitraillette à bout de bras. Il essayait lui aussi de comprendre. Alors que la femme rejoignit le gladiateur, elle vit derrière le chevalier, dont l’emblème de la chrétienté sur son torse ne lui échappa pas, deux autres filles, ou jeunes femmes. Plus jeunes qu’elle dans tous les cas, l’une serrant fortement un seau en fer contre son torse, l’autre radicalement différente, plus “récente”. D’un coup d’oeil, elle put savoir rapidement qui venait du passé, qui venait du présent.

- HEY ! What the fuck is going on here? dit le soldat s’étant lui aussi rapproché de petit groupe qui s’était formé.
(HEY ! Qu'est-ce qui se passe ici, bordel ?)

Helena s’en doutait, mais son accent le confirma. Le soldat était bien américain. Elle leva une main vers lui, lui faisant signe d’attendre son tour, son attention toujours dirigée vers le chevalier et les deux autres jeunes filles.

- Wait...who the hell are you people?
(Attends...qui vous êtes, vous ?)

- Nous so...

- HEY ! Listen to me! What is GOI...
(HEY ! Ecoutez-moi ! Qu'est-ce qui...)

- SHUT THE DAMN UP!
(TU PEUX LA FERMER UN MOMENT !)

D’un geste rapide, il tira son pistolet dans son étui d’une main, alors que l’autre tenait toujours son arme lourde, puis le soldat tira deux coups en l’air. Pour absolument rien se dit Helena, tandis que les deux autres guerriers se cabrèrent d’un coup. La femme d’affaire se tourna vers lui et marcha dans sa direction :

- MAN! Can’t you see I’m trying to solve something he...
(Tu vois pas que j'essaye de régler une situa...)

D’un mouvement plus frénétique et presque paniqué cette fois-ci, après avoir rangé son pistolet, le soldat pointa son arme, une M16 A1, sur eux.

- STOP TRYING TO FUCKING FUCK WITH ME!
(ARRETEZ DE VOUS FOUTRE DE MOI !)

Il ne prenait même pas la peine de viser, se contenter de menacer de façon désordonné avec son arme. Seules Helena et la jeune fille ayant l’air de venir d’après l’invention des armes à feu eurent le réflexe de lever les mains en l’air, faisant automatiquement un pas en arrière.

- Calm down! We’re in the same boat, all of us!
(Calme-toi ! On est tous dans le même bateau !)

- NO! NO THAT AIN’T POSSIBLE! THIS IS FUCKING LONDON! I WAS IN A BATTLEFIELD! A big explosion and then BAM! I’m here! What did you do to me, you fucking Vietnamese, huh! You drug me? You trying to play with my FUCKING HEAD!
(NON ! NON C"EST PAS POSSIBLE ! ON EST A LONDRES PUTIN ! J'ETAIS SUR UN CHAMP DE BATAILLE ! Une grosse explosion and BAM ! Je me retrouve ici ! Qu'est-ce que vous m'avez fait, saleté de vietnamien, hein ? Vous m'avez drogué ? Vous vous amusez avec ma PUTIN DE TETE !)

Helena, reprenant petit à petit sa respiration, baissa les bras presque dans élan de désespoir.

- What...what the hell...Vietnam...you were in Vietnam War? You a G.I. ?
(Quoi...c'est pas vrai...Vietnam...tu étais dans la Guerre du Vietnam ? T'es un G.I. ?)

Le regard du soldat passa du chevalier au romain, puis des jeunes filles à Helena.

- Oh come on, do we look like Vietnamese? Put your gun down...
(Est-ce qu'on a l'air de vietnamien ? Baisse ton arme...)

Un instant passa, puis graduellement, alors que sa respiration se faisait de plus en plus lourde et que les yeux surmontés de sourcils froncés d’inquiétude scrutait les membres de cet étrange groupe, il baissa son arme. Le G.I. retira son casque, révélant un visage dur, la coupe de cheveux noirs très court, le visage souillé de boue et de transpiration. Helena fit un pas vers lui, et en une fraction de seconde, il lâcha son casque et releva son arme, tandis qu’elle entendit plusieurs claquements métalliques derrière elle. Elle leva les yeux au ciel :

- Oooh, please! We were getting somewhe...
(Oh, pitié ! On avait fait un pas en ava...)

- Shut up! chuchota-t-il presque.
(Ferme-la !)

Alors qu’elle allait lui répondre, Nexus la devança :

- Helena. Nous ne sommes pas seuls.

Le G.I. pointa son arme vers les bâtiments de l’autre côté de la rue, visant les fenêtres. Il visa plusieurs endroits l’un après l’autre, tandis que les deux autres guerriers, épée en avant, regardait eux aussi les directions dans lesquelles se trouvaient les autres. Helena avait beau regarder partout, passant son regard aux fenêtres, aux vitrines, aux portes, partout, mais elle ne voyait rien, ni n’entendait rien. Quand le son d’une arme qui se chargeait se fit entendre quelque part, et un canon suivit d’une personne se dévoila, puis une autre ailleurs, munie d’un arc et d’une flèche cette fois-ci, puis une dizaine de silhouette apparurent de toute part, les encerclant. Du moins, elle le supposait.

- Oui, vous n’êtes pas seuls.

Une voix grave sortit du bâtiment en face d’eux. Quelques humains sortirent d’une porte, armes chacune plus différentes que l’autre en avant. Helena reconnut à peu près le même style que ceux qui les avaient attaqués quelques temps plus tôt, Nexus et elle, dans la forêt. Chacun plus différent que son prochain, chacun étant un mélange d’époque différentes. Tous aussi atemporel et incohérent les uns que les autres. Helena déglutit, son coeur battant la chamade, ses yeux scrutant à gauche et à droite, le corps immobile. Puis alors que tous étaient exactement pareil, presque impossible à distinguer l’un de l’autre tellement ils n’étaient qu’un gros désordre temporel chacun, ils se regardèrent tous un moment, et l’un d’eux se démarqua. Il était plus simplement vêtu que les autres, ne faisait qu’un en réalité. Le haut du corps penché en avant, les yeux plissés fixant presque le vide devant lui, le regard sombre, le crane rasé, des traits durs, une musculature importante, il ne portait qu’une simple chemise et un trois-quarts bleu pâle, les pieds nus, et des bandages autour des bras. Il tenait dans une de ses mains une barre de fer. Il avait cette position presque animale, sauvage, marchant presque accroupi.

- Tu voudrais peut-être poser cette arme, soldat.

Il avait cette voix calme, lente, parlant presque dans un souffle. Il ne prit pas la peine de le regarder, et continua de marcher lentement. Le G.I. posa son arme sur une des voitures juste à côté de lui. Il continua à faire quelques pas, tandis que tout le monde comprenait que le silence était la chose la plus conseillée pour l’instant, puis posa un pied sur le pare-choc d’une des voitures abandonnées au milieu de la route parmi tant d’autres. Il posa un autre pied sur le capot de la voiture, monta dessus, et y resta accroupi, les bras pesant sur ses genoux, sa barre de fer toujours en main.

- Vous n’êtes pas les seuls ici. Cet endroit, ce monde, nous appartient.

- And who are you?
(Et qui êtes-vous ?)

- Nous sommes ceux qui sont arrivés avant vous. Nous sommes la première génération de ceux qui sont venus ici. Nous sommes ceux qui ont choisi d’abandonner l’individualité pour faire la seule chose, la chose seule que l’homme, l’être humain sait faire mieux que n’importe quel autre animal : survivre. Nous avons décidé de nous unir dans cette seule optique. Ainsi, nous nous surnommons les Survivants.

- And...who are you?
(Et...qui êtes vous ?)

- Pour vous, je serais Le Supérieur.

- The Superior...
[HRP - Cliquez sur la réplique]

- Vous...vous ne décidez pas de ce qui se passe ici. Vous ne changez pas nos plans, vous ne faites rien, vous ne décidez rien.

- We didn’t do anything yet.
(Nous n'avons rien fait encore.)

- Pas encore, mais je connais le schéma. Vous y viendrais. Et comme nous sommes humains, nous allons vous opposer à un choix.

Le coeur de Helena pouvait s’expulser à tout moment de sa poitrine, et son regard parcourut les autres du groupe qui semblaient tous aussi figé qu’elle. Sauf un. Le G.I. était en train de discrètement tortiller ses mains afin de tirer quelque chose de ses équipements. Quelque chose qui ressemblait fortement à une grenade. Lorsque leurs regards se croisèrent, elle fit le signe le plus léger négatif de la tête, la bougeant à peine, lui signalant que ce n’était probablement pas une bonne idée.

- Ce choix est très simple, loin d’être cornélien ou encore sujet au dilemme. Ou vous décidez de vous coucher, de vous taire, de vous joindre à nous et devenir nous. Ou ce n’est simplement pas le cas.

- Why...
(Pourquoi...)

Elle coupa tout de suite sa phrase alors que d’un geste rapide, il avait avec agilité sauté du capot et avait atterri sans aucun bruit sur le coltard.

- Il y a une chose que vous ne comprenez pas. J’ai façonné cet endroit, je l’ai crée. Et j’en suis le seul maitre. Votre vie ou votre mort dépend de moi, et uniquement moi. Mais, encore une fois, n’étant pas des sauvages, une telle décision ne se prend pas aussi rapidement. Ce serait d’un inhumain. Je vous donne un peu de temps pour y réfléchir.

Personne ne savait quoi faire, chacun regarda son voisin un moment. Le Supérieur fit quelques pas, et posa sa barre de fer contre la tôle de la voiture, et longea la voiture. Le bruit du métal qui se frottait à un autre métal résonna dans toute la partie de Londres. Il fit ses pas lentement, maintenant cependant un rythme régulier. Et lorsqu’il arriva à la fin, il se retourna vers eux. En réalité, il ne leur avait pas laissé un instant pour y penser.

- Votre décision ?

- I want to ask you a question first.
(Je veux vous poser une question avant.)

- Je ne peux vous le refuser.

- What is happening to us? Why is this happening?
(Qu'est-ce qui nous arrive à nous ? Pourquoi est-ce que ça nous arrive ?)

- Une seconde chance, une seconde chance de purger toutes vos peines et de recommencer à nouveau.

- What happen to you, so you would be like...that?
(Qu'est-ce qui vous est arrivé à vous. Pourquoi êtes vous...comme ça ?)

- Cet endroit...vous change. Même moi, il m’affecte. Je peux peut-être régner sur tous les territoires, mais jamais je ne le dompterais. Personne ne peut se prétendre maitre ici.

Etrangement, ce n’est que maintenant qu’elle le remarquait. Il ne parlait pas une langue qu’elle reconnaissait. Elle le comprenait peut-être, mais ce n’était pas une langue qui ressemblait à quoi que ce soit qu’elle puisse connaitre. Son regard glissa légèrement vers le soldat et elle lui fit savoir avec un petit peu plus de virulence de ne pas faire ce qu’il était en train de faire. La voix calme et tranquille du Supérieur lui attira tout de suite l’attention à nouveau.

- Je suppose que vous tous, avez déjà pris votre décision.

Sa main se perdit quelque part dans son dos, puis il sortit quelque chose de minuscule qu’il tenait entre ses doigts. Pour la première fois, il leva la tête et les regarda chacun à leur tour directement dans les yeux. Ce qu’on pouvait y voir était indescriptible, tout simplement inhumain. Ce qu’on ressentait était bien une frayeur et vide comme si on se faisait transpercer d’un regard. Un simple regard. Nexus et le chevalier cependant ne semblaient pas affectés par son regard. Seul une rage profonde semblait s’être allumée en eux, comme si on les avait provoqués et qu’ils n’attendaient que le moment précis où attaquer. Il ne manquait qu’un déclic avant que la situation tendue n’explose. Le Supérieur leva le bras et posa un petit objet en métal sur le coffre de la voiture. Lorsqu’il retira sa main, il dévoila une bague en or, assez épaisse.

- Vous m’en voyez désolé de votre devenir. Je ne voulais pas en arriver à ce point, mais vous m’obligez à prendre les mesures drastiques.

- WRRRAAAAAAH !

D’un mouvement violent et rapide, Nexus fonça sur le Supérieur, abattant son glaive sur lui. Un bruit de métal se fit entendre quand la barre de fer bloqua l’arme du gladiateur. D’une seule main il avait bloqué le coup, puis d’un geste rapide, le Supérieur utilisa son autre main pour donner un coup dans le bras du romain, puis un second au visage, puis un troisième en plein estomac. Tout cela s’était passé en quelques secondes seulement, et avant que qui que ce soit puisse faire autre chose, le clic d’une grenade qui se dégoupillait se fit entendre dans le silence, puis elle vit le soldat envoyer son projectile.

- DOWN NOW!
(A TERRE !)

La grenade rebondit une fois et atterrit sous une voiture. Helena commença à courir, l’explosion la souleva d’un coup et elle rebondit sur la vitre arrière d’une voiture, avant de tomber derrière ladite voiture.
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Message par Wynn Mer 24 Mar - 18:58

Un songe, un rêve, une réminiscence... Wynn revoyait des moments clé de son existence défiler à l'intérieur de sa tête... Elle se revoyait encore enfant, jouant à chat avec un garçon dont elle avait oublié le nom... Elle revoyait son entrée au collège et le soupir de désespoir qu'elle avait poussé en voyant sa classe... Sa virée en voiture avec son premier copain qui avait quelques années de plus qu'elle... Elle avait l'impression de revivre tous ces moments... Ils semblaient tous tellement réels... C'était comme si elle pouvait toucher ces personnes si jamais elle tendait ne serait-ce qu'un peu la main... Et alors qu'elle tentait de tendre la main vers cet homme qu'elle avait aimé, un bruit sourd de carlingue abîmée la ramena brusquement à la réalité. Elle rouvrit ses yeux et vit s'abattre à quelques mètres d'elle seulement la carcasse enflammée d'une voiture. Elle mit quelques secondes à regagner ses esprits... Se rappeler ce qui venait de se passer... Tout d'abord Sophia qui semblait lui faire un reproche sur son habillement, puis ce bruit sourd accompagné de cette fumée qui s'élevait dans les airs et enfin Silas qui s'élançait en direction de l'endroit d'où provenait la déflagration. Sans vraiment réfléchir à ce qui pouvait l'attendre, Wynonna avait collecté ses effets personnels à terre. L'adolescente s'était contentée de lancer un « Dépêche! Viens! » à la nonne française avant de bondir en direction de Silas et de le poursuivre. Ensuite il y avait ce militaire qui disait venir de la guerre du Vietnam, un autre romain et cette autre femme qui semblait venir de la même époque qu'elle et enfin ces étranges personnages... Tout s'était passé tellement vite que la jeune femme n'avait pas réussi à tout enregistrer. Finalement, elle se demandait si elle n'était pas mieux toute seule...

Wynonna restait recroquevillée de peur sur le bitume. L'espace d'un instant, tout était redevenu calme... Il n'y avait plus d'échange de balles, plus de flèches qui volaient à travers la rue, plus de grenades qui explosaient, plus de coups d'objets métalliques... Moment qui se voulut éphémère... Moins d'une seconde après, les échanges reprirent... Elle ne savait pas qui se battait contre qui et s'il y avait des morts... Elle était tétanisée à l'idée même de s'agenouiller et de passer discrètement sa tête par dessus le capot de la voiture à côté d'elle. Finalement, il était préférable pour elle de rester là, cachée derrière la carcasse métallique et d'attendre que les choses se calment - en espérant que ce serait pas ce pète-sec qui se dit supérieur qui remporte la bataille. Mais c’était lâche... Elle devait se battre... Après tout... L'important n'était pas de rester en vie, mais de vivre avec soi-même pour le temps qu'il restait à venir. Wynn était peut-être une voleuse, une fille des quartiers pauvres, et tant de choses mauvaises, mais elle n'était pas une traître et une lâche... Elle ne pouvait simplement pas se résoudre à laisser ces personnes mourir sans mettre sa vie sur la balance, et encore moins laisser la victoire facile à ce vantard de "supérieur" comme il dit.

Une petite lueur semblait s'être allumée dans les yeux de Wynn, ce même éclat de malice qui brillait quelques minutes avant de se retrouver dans ce monde, lorsqu'elle avait doublé ces voleurs et dérobé le sac de cette femme. Toute sa peur semblait s'être évanouie, sublimée en courage et valeur. Wynn prit une grande bouffée d'air, se remit rapidement sur ses jambes et d'un appui sec s'élança vers son arc qui était resté de l'autre côté de la voiture lorsqu'elle avait plongé derrière celle-ci. Sans s'arrêter dans sa course, elle se baissa et ramassa à la volée l'étui contenant son arc et son carquois, et courut vers une petite ruelle. Elle n'avait pas autant de force brute que les deux romains, n'avait pas de pistolets et autres armes d'assaut comme le militaire; mais elle avait un avantage encore plus grand : elle connaissait par cœur Londres, ses ruelles et tous les endroits d'où elle pourrait décimer ses adversaires. La jeune fille admira pendant quelques instants son arc en bois d'if, avant de le sortir complètement de son étui. Elle examina son carquois et n'avait qu'une quinzaine de munitions, ce qui était assez menu et largement insuffisant pour réduire à zéro cette « armée »... Mais si la providence était de leur côté, avec l'aide des deux romains, de Sophia et de l'autre femme ils devraient pouvoir en venir à bout. Elle mit quelques secondes à bander son arc, puis envoya sa main vers son carquois. Son index caressa lentement l'une des flèches sur toute sa longueur avant de le saisir brusquement au bout, le sortir délicatement de son enveloppe et le faire pénétrer dans l'orifice destiné à le recevoir. A l'aide de son index et de son majeur elle aida la flèche à traverser la fente, la déposa contre la corde puis la tira en arrière. Wynn redressa son corps, prit une longue inspiration puis pointa sa flèche en direction d'un archer du « supérieur ». Si il y avait bien des personnes qui étaient dangereuses pour elle, ce n'étaient certainement pas celles qui se servaient d'épées ou de bâtons car ils seraient certainement trop lents pour elle, mais ceux qui pouvaient la toucher à distance, ceux qui se battaient comme elle. Il fallait donc qu'elle commence par eux... La jeune fille murmura quelques mots.

« You call yourself Superior but you're bullshit and you're gonna eat your own crap! »
« Censuré »

Wynn avait cet homme dans sa ligne de mir. Il était grand, avait la peau pâle, les yeux bleus et de longs cheveux blonds. L'archer lui rappelait vaguement ces chanteurs de métal qu'il lui était arrivé de voir quelque fois dans les clips vidéos. Il avait un visage serein, c'était comme si il ne craignait pas la mort et avait déjà vécu cette situation des centaines de fois auparavant. On aurait dit que son quotidien n'était que sang et guerres et que c'était devenu banal pour lui d'arracher la vie à une personne. Il était confiant et n'avait pas peur de la mort. Elle ne put s'empêcher de le contempler un instant. Si elle réussissait son tir, cet archer serait la première personne qu'elle tuerait; et ironiquement, à la distance de laquelle elle l'observait, il s'agissait du seul homme qu'elle trouvait convenable physiquement. Une fraction de seconde après que le blondinet envoya sa main en direction de son carquois, une petite détonation pareille à celle d'une tapette qui rencontre une mouche se fit entendre, suivi par le sifflement d'une flèche qui fendait l'air. Le projectile traversa une partie du champ de ruines en décrivant une trajectoire curviligne puis rencontra la tempe de l'archer le plus proche de la rouquine. Un filet de sang jaillit de la zone d'impact puis suivit l'inéluctable effondrement de l'archer. Wynn ne put s'empêcher d'émettre un cri de joie qui contrastait avec l'ambiance tragique qui régnait sur le champ de bataille lorsque sa flèche transperça et se logea dans le crâne de l'archer.

« Headshot! »

L'espace d'un instant, ses yeux se perdirent dans une petite ruelle de l'autre côté de la rue. Un homme habillé en blanc et accroupi dans l'ombre d'un immeuble semblait observer le combat à distance. Il avait des cheveux grisonnants qui retombaient en avant, empêchant la jeune fille de voir son visage. Ses yeux parcourent rapidement le champ de bataille et personne d'autre qu'elle ne semblait avoir repéré cet individu. Lorsqu'elle redirigea son regard en direction du coin de rue où elle avait aperçu l'homme en blanc, celui-ci avait disparu. Avait-elle eu une vision? Elle avait beau quadriller du regard la petite ruelle, il n'y avait plus personne... Elle essaya de se concentrer davantage, mais le son distinctif d'une flèche qui venait de rebondir sur le coaltar la ramena à la réalité de la situation. Un autre archer qui se situait à une centaine de mètres à sa droite venait de tirer sur elle. Il avait déjà saisi une autre flèche et pointait en sa direction. Il avait suffit d'un seul instant d'inattention de sa part pour avoir frôlé la mort. Préférant ne pas pousser la chance trop loin, l'adolescente sombra dans la ruelle derrière elle et réapparut quelques secondes plus tard dans une autre ruelle, à une cinquantaine de mètres de l'archer. Il ne semblait pas l'avoir vu et continuait à pointer en direction de son ancien emplacement. « Insouciant... ». Wynonna fit glisser discrètement son index le long de ses hanches, pour atteindre le carquois qui était attaché à sa ceinture, et au moment où son doigt rencontra le manche d'une flèche, un objet contondant vint heurter ses doigts maigres en lui arrachant un cri de douleur intense, puis s'abattit une seconde fois dans sa nuque, l'envoyant immédiatement au sol.

Wynn était étourdie. Le coup qu'elle avait reçu à la nuque avait presque failli l'assommer. Elle posa ses mains à plat contre le bitume, courba ses genoux et tenta de prendre appui sur ceux-ci pour se relever mais une masse lourde la ramena au sol immédiatement. Elle se débattait et gesticulait dans tous les sens, sans succès. La personne qui était debout sur son dos était trop lourde. Wynn sentait les petites roches ensevelies sous le goudron transpercer la peau de son ventre. Sur le moment, elle regrettait d'être une fille et d'avoir des seins, parce que ceux-ci appuyaient sur ses côtes et l'empêchaient de respirer correctement, la faisant suffoquer. Sa vision commençait à se troubler, et sa force s'amenuiser. Elle n'avait plus assez de force pour continuer à se débattre et se laissa faire. Elle savait qu'elle n'allait pas pouvoir continuer à lutter éternellement, surtout en position de faiblesse. La personne continua à exercer une pression sur son dos encore un instant, puis voyant que la jeune fille n'avait plus de force pour se débattre lâcha son emprise sur Wynn. Elle n'arrivait plus à bouger et haletait. La personne empoigna avec violence son bras droit puis la retourna dos contre le sol. Wynn pouvait enfin voir le visage de son agresseur. C'était un homme d'un certain âge, dépassant probablement la cinquantaine, court de taille et trapu. Le haut de son crâne était dégarni et son visage plein de crasse. Son odeur corporelle rappelait à la jeune femme anglaise le débarcadère pour poisson de Londres - une odeur qu'elle détestait particulièrement. Il rapprocha son visage à moins de cinq centimètres de celui de Wynn, impuissante, puis commença à la renifler.

« C'est que vous sentez très bon, jeune fille! Vous êtes un régal pour mes narines et mes yeux. Bientôt, vous serez un régal pour autre chose. Vous savez, les filles ici c'est assez rare, et quand on a l'occasion d'en rencontrer une on se gêne pas! »

Wynn était tétanisée et n'osait plus bouger - d'autant que l'odeur buccale de son agresseur n'avait aucun comparatif, même les dépotoirs devaient sentir meilleur. Elle essaya de repousser l'homme, appuyant aussi fort qu'elle le pouvait sur son torse, mais il était aussi immobile qu'une statue. Wynonna frôlait la crise de larmes tellement elle se sentait impuissante. Elle aurait voulu chasser cet homme, le repousser loin d'elle; mais elle n'avait pas assez de force. Elle ne pouvait que se laisser faire... Il ouvrit sa bouche et laissa sortir sa langue qui serpentait lugubrement. Il rapprocha encore plus son visage de la jeune fille et fit glisser son muscle le long du visage de celle-ci. A cet instant, un sentiment de dégoût profond l'envahit, un sentiment qui se situait à mi-chemin entre l'envie de vomir et celle de mourir et ses yeux devinrent livides, comme vidés de son âme. Elle aurait préféré mille fois mourir que d'avoir à subir ce genre de disgrace. Son absence d'attirance pour les hommes semblait parfaitement justifiée. Dans le fond, tous les hommes n'étaient guère différents de celui qui reposait sur elle; tous des pervers et des obsédés qui ne pensent qu'à une seule chose.

« Please... Stop... », murmura-t-elle de désespoir, alors que des larmes commençaient à couler de ses yeux

« J'aime ça lorsqu'elles supplient de les laisser tranquille et tentent de se débattre, c'est encore plus excitant! »

Wynn tenta encore de le supplier de la laisser tranquille, mais au moment où elle ouvrit la bouche l'homme vint coller ses lèvres aux siennes. Elle avait l'impression qu'on venait de déverser dans sa bouche des poubelles vieilles de deux semaines. Une odeur de pourri infectait sa bouche, et alors qu'elle tentait de décoller ses lèvres de celui du quinquagénaire, celui-ci glissa ses doigts lentement le long des côtes de Wynonna. Elle dévia immédiatement son attention et essaya de repousser ses mains à l'aide des siennes. Elles étaient bien trop puissantes et fermes pour qu'elle réussisse quelque chose. Elle avait l'impression d'essayer de faire bouger une masse de 500 kg avec ses mains uniquement. L'homme ne put s'empêcher d'émettre un rictus devant son impuissance, puis rapprocha à nouveau son visage de la jeune fille et fit encore glisser sa langue le long de celui-ci, se délectant au passage du sillon humide que laissaient derrière elles les larmes de l'adolescente. Il y avait le militaire, les deux femmes et les deux romains qui étaient dans son camp... Mais pourquoi aucun d'eux ne venait la secourir? Pourquoi il n'y avait personne pour l'aider? Wynonna se sentait seule et désespérait... Peut-être que personne ne l'avait vu... Elle essaya de crier à l'aide, mais rien d'autre qu'un mince filet d'air ne sortait de sa gorge... Elle avait tellement peur qu'aucun son ne voulait s'échapper de ses lèvres. La main de l'homme glissa encore vers le bas, se rapprochant dangereusement de sa jupe. Les mots de Sophia lui revinrent en tête. Elle aurait tout donné pour porter un jean à cet instant précis - même si elle savait que ça ne changerait pas la finalité des choses, cela aurait au moins eu l'avantage de retarder l'échéance. Elle essaya de mordre le visage de l'homme mais n'arrivait pas à saisir correctement entre ses dents la peau du vieil homme, et la crasse sur son visage était un facteur décourageant pour tenter une seconde fois. Il posa sa main à plat sur son ventre dénudé, glissa ses doigts à deux centimètres sous le tissus du top, puis enleva quasi instantanément ses doigts, laissant Wynonna figée dans une expression de peur et de dégoût. Il rigolait, ce qui avait pour effet de faire la jeune fille se sentir encore plus impuissante, largement dépassée par les évènements. Il dirigea à nouveau sa main vers la jupe de Wynonna, puis s'arrêta lorsque son majeur rencontra le cuir qui maintenait la jupe accrochée au reste du corps.

« C'est une jolie ceinture que tu as là. Un panda, comme c'est original. »

« Je... Je peux l'enlever si vous voulez... »

Wynn semblait être devenu coopérative, ce qui entraîna le pervers dans un fou rire. Il semblait apprécier encore plus les filles submissives que les filles qui se débattent. Il acquiesça d'un signe de la tête, et l'anglaise détacha sa ceinture puis conduit les mains de l'homme au niveau de sa poitrine avant de l'embrasser vigoureusement. Pendant que celui-ci avait les mains occupées à caresser le tissu au niveau de la poitrine de Wynn, les mains de celle-ci fouillaient dans la petite sacoche accrochée à sa ceinture. L'homme plongea sa main sous le tissus au niveau du ventre, puis fit glisser avec euphorie sa main jusqu'aux seins de la jeune fille. Au moment où ses mains rencontrèrent ceux-ci, un "pchiiit" distinctif d'un aérosol surprit l'homme. Wynn s'était souvenu de l'aérosol « anti-agression » qui distribuait de la poudre de poivre et avait dirigé le jet en direction des muqueuses oculaires du quinquagénaire, qui instinctivement laissa s'échapper un hurlement de douleur et se jeta en arrière. Wynonna en profita de cet instant pour bondir littéralement sur son arc, se relever et frénétiquement frapper avec le bois de son arc les parties génitales de son agresseur. Elle distribua une dizaine de coups dans celles-ci, avant de saisir brutalement l'une de ses munitions.

« Arrête! S'il te plait... Ne me tue pas! Je voulais jus- », Wynn le coupa au milieu de sa phrase

« J'aime ça lorsqu'ils me supplient de les laisser en vie et tentent de fuir, c'est encore plus excitant! »

Avec toute la rage qui l'animait, Wynn planta, à l'aide de ses mains, sa flèche dans la cavité oculaire de l'homme. Aussitôt, sa tête bascula, inanimé, sur le côté en projetant des gouttes de sang sur le visage de Wynonna. Du revers de sa main, elle essuya les gouttes qui avaient atteint ses lèvres puis se saisit d'une autre munition. Elle équipa immédiatement son arc, tira une flèche en direction de l'autre archer et l'atteint à la gorge, lui arrachant un cri de douleur avant qu'il ne s'écroule lui aussi. Elle dirigea ensuite la pointe d'une autre flèche en direction de celui qui se faisait appeler le supérieur. Elle prononça une phrase à l'égard du supérieur aussi fort qu'elle le pouvait, même si elle doutait que celui-ci puisse l'entendre.

« Because of your arrongance, I'm going to make you suffer. And for what you have made me endure, be sure that I will bury you! »
« A cause de ton arrogance, je vais te faire souffrir. Et pour ce que tu m'as fait endurer, sois sûr que je t'enterrerai! »

Elle écarta ses doigts et libéra la flèche.
Wynn
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Message par Mlle Sophia Mer 21 Avr - 2:35

Tout s'enchaîna à une vitesse folle...

Des geyser de flammes, des trombes de fumées, des hurlements indistincts et confus. Sophia se retrouva brusquement projetée par terre, son crâne heurtant violemment la bordure du trottoir. N'ayant pas eu la moindre idée de l'effet qu'allait avoir l'étrange cailloux que le nouveau venu avait jeter devant le groupe menaçant qui s'était présenter à eux, elle n'avait esquissé qu'au dernier moment un mouvement de recul. Trop tard. Une douleur lancinante lui vrillait la tête, tel qu'elle n'en avait jamais connu. En un seul instant, l'enfer semblait enfin avoir lever le masque et déchaîner la violence et les flammes qu'on lui avait toujours promis. Sophia était perdu, étourdie, voir même à moitié assommée. Un craquement sec, qu'elle n'entendit pas dans le chaos qui régnait dans un tourment commun à la fois autour d'elle et dans son crâne, indiqua que les coutures serrées de sa robe venaient de lâcher. Quelque chose de chaud s'écoulait sur son visage, sa vue était brouillée. Incapable de préciser ses pensées, même de réagir tout simplement, Sophia voyait se succéder en elle un mélange étourdissant de panique, confusion, terreur et souffrance. Elle ne pouvait pas bouger, son cerveau, tétanisé par cette débauche de violence qu'elle n'avait jamais connu, refusait catégoriquement d'animer ses membres, de la remettre sur pied pour prendre rapidement les jambes à son cou. Nombre de personne se pressait pourtant autour d'elle, courant, criant, ponctué du craquement sourd d'un tonnerre qui semblait jaillir de leur mains. Sophia était bien incapable de reconnaître parmi ces mouvements flous qui était qui. Elle aurait été, de toute façon, et même conscience, bien en mal de définir qui était un allié, de qui était un ennemi. Ni les premiers gens qu'elle avait rencontrer, ni le groupe compact qui avait suivit, ne lui inspirait la moindre confiance. Tous lui semblait affreusement étrange, parfois archaïque, parfois sans le moindre sens commun. Seul Silas lui paraissait d'un quelconque secours, par le symbole sacré de la Croix qu'il arborait sur son plastron. Mais le chevalier n'était pas là, où du moins, plus là. Elle n'aurait su dire où il se trouvait par ailleurs, tout comme elle était incapable présentement de se situer dans l'espace, ayant perdu tous ses repères lors du choc de l'explosion. Même avec ça, elle avait eu du mal à faire le point, les gens s'étaient précipités tout autour d'eux. Après elle, en plus du chevalier et de la prostituée, une autre femme, un antique spadassin de la Rome païenne et un homme vêtu de vêtements informes et incolores s'étaient présenter. Puis, ce groupe, avec à sa tête cet étrange primitif, terrifiant, à la voix à la fois si calme et si puissante, mélange presque douloureux à entendre de séduction, d'autorité, de menace et de jugement. Sophia referma sur une poignée de poussière, elle avait perdu son crucifix. Sans force, elle essaya de le retrouver à tâtons, à l'aveuglette. Un gémissement rauque jaillit de sa gorge lorsque ses sens reprenant un peu contenance, lui firent comprendre que la matière chaude et visqueuse qui s'écoulait en fin canaux sur son visage était du sang. Son sang.

Les bruits semblèrent s'éloigner, tout comme les cris. La bataille s'éloignait, d'une manière ou d'une autre, les hommes se dispersaient. Soudainement passa son bras autour de sa taille et la souleva du sol sans ménagement. Ce brusque mouvement lui fit échapper un petit cri impuissant, comme un animal terrifié pris au piège. La poigne de celui qui l'avait ramasser lui faisait mal, mais elle n'était guère en état de se débattre. Une vague nausée, mêlée de l'odeur et du goût persistant du sang, menaça de la faire sombrer de nouveau dans l'inconscience. Elle sentit qu'on lui prenait brusquement la mâchoire pour la forcer à regarder dans une direction, celle d'un visage. Le visage de son chasseur. Elle le distinguait à peine, et dû cligner plusieurs fois des yeux pour apercevoir vaguement un sourire féroce s'étendre sur une face balafrée.

Alors mon joli oiseau ? On a perdu ses ailes ?

La voix était froide, dédaigneuse, et pleines de sous-entendus intolérables sur la condition de la jeune fille et ce que l'homme projetait d'elle. Elle reprenait contrôle d'elle-même, et à mesure que ses sens redevenaient précis, toute l'horreur de sa situation se faisait clairement comprendre. Elle tenta maladroitement de repousser son bourreau, mais l'étreinte d'acier de celui-ci ne fit que se resserrer dans un ricanement sardonique. Il semblait s'amuser de ses efforts pitoyables, de sa faiblesse extrême. Sophia cria, en vain. L'homme la traîna avec lui, l'emportant vers le reste de ses camarades demeurés sur place. D'autres sourires s'éclairèrent, des faces dédaigneuses, des rires, moqueurs ou nerveux. Enfin l'homme lâcha Sophia, mais ce fut pour la balancer violemment sur le sol, au centre du groupe. La jeune fille en plein désarrois rampa, cherchant vainement des yeux un espace entre cette forêt de jambe pour s'enfuir. Sur le moment, elle n'avait plus aucune idée de bienséance ou d'honneur. Elle était un animal traquée, fou de terreur, que l'odeur de son propre sang, de sa propre mort, ne faisait qu'affoler davantage. Quelqu'un la pris brusquement par les cheveux et la tira en arrière. De nouveaux éclats de rire. Sophia n'avait ni la force, ni le courage, elle ne put que gémir lamentablement.

S'il vous plaît... Pitié... Je ferais ce que vous voulez...

Rires. Moqueries. Sophia laissa échapper un sanglot. Elle ferma les yeux effrayée, cherchant frénétiquement autour de son cou la petite chaînette de son pendentif. Elle savait pourtant, qu'il n'y était plus. Elle l'avait retiré puis perdu lorsque l'enfer avait décidé de son sort. Dieu l'avait-il abandonné ? Avait-elle abandonné Dieu ?

Arrêtez.

Et tout s'arrêta en un instant. Les cheveux de Sophia furent brusquement lâcher, dans un geste qu'on pouvait interpréter comme un mélange de surprise et de déférence. Un silence nerveux régnait désormais autour d'elle, contraste brutal avec la furie qui jusqu'alors la promettait aux pires supplices. Au loin les éclats de foudres continuaient à tonner sporadiquement, comme si quelques adversaires se renvoyaient le tonnerre pour s'affronter. Sophia avait le souffle court, son corset déchiré lui permettait heureusement d'aspirer à grandes goulées l'air qui lui aurait sans doute manqué dans cette carapace étroite. Elle se redressa péniblement, rejetant à droite à gauche un regard effrayé à la recherche de la source de ce soudain arrêt. Il était là...
La jeune fille ne pouvait détourner son regard, sa bouche pendait ouverte de stupeur. Il s'approchait d'elle, lentement, d'une démarche à la fois traînante mais paradoxalement assuré. Tous dans son étrange personne, respirait d'une autorité à la fois incontestable et terrible. Sa seule présence, puissante et perturbante, clouait au respect. Une flèche dépassait de sa cuisse, mais il semblait n'en tenir aucun compte, pas plus qu'au sang presque noir qui s'écoulait le long de sa jambe et souillait ses pas. Ses yeux, braqués sur elle, n'exprimait rien. Ni mépris, ni reconnaissance, ni colère, ni séduction. Juste deux abîmes de néant qui la fixait sans ciller, comme sondant le fond de son âme. Il tendit le bras vers elle, comme pour la convier à parler. Sa voix chanta à nouveau, froide et impassible, toujours animé de cette logique sinistre, presque mystique.

Ils ont fait leur choix. Quel est le tien ?

Ils. Silas, la prostituée, le païen antique, la femme et le démon aux pierres explosives. Par la force des choses, ils semblaient former un groupe à la cohésion et aux rapports absents et inexistants. Sophia pensa à peine à eux. Ils n'étaient pas là, ils ne pouvaient pas l'aider. Seul était le Supérieur, devant elle, la subjuguant, l'écrasant de sa personne. Sombre roi des égouts, tordu et décharné, mais à la majesté royal de quelques princes infernaux. Elle voulait crier, hurler, fuir, mais autant sa langue que ses jambes, restaient étrangement paralysé par la vue et la présence du Supérieur. Un profond dégoût, et une tout aussi profonde et obscur fascination s'affrontaient en elle. Elle ne savait pas quoi répondre, elle était même incapable de formuler la moindre pensée dans sa tête. Elle était vide, et il était Là.

Je...

Elle parvint à peine à détacher son regard du sien, cherchant encore une fois à peine perdue le secours de son petit crucifix doré. Un vague sourire sans joie anima le visage du Supérieur, d'un geste à la fois saccadé mais terriblement élégant, il vint présenter aux yeux de Sophia la petite forme familière de la croix doré, se balançant doucement depuis les doigts de son autre main. Le soleil vint fugacement jeter un éclat de lumière sur la surface tordu et désormais crasseuse du pieux symbole.

Est-ce ceci que tu cherches ?

Les balancements de la croix commencèrent à ralentir. D'un mouvement de l'index, le Supérieur tira sur la chaine, ramenant le pendentif dans le creux de sa main. Il referma lentement celle-ci sur l'objet, le masquant à la vue de Sophia par une poigne d'acier. Il serra, à s'en blanchir les phalanges. Il serra, il serra tellement fort. Un liquide rougeâtre s'écoula doucement d'entre ses doigts, venant perler entre les mailles de la chaînette enroulé autour de sa main. Sophia était fasciné par ce spectacle révoltant et hérétique. Il reprit la parole, doucement.

Tu n'auras plus besoin de cela... d'une manière ou d'une autre.

Il ne reposa pas la question. Pas verbalement en tout cas, bien que son regard inquisiteur fut sans équivoque. Sophia baissa les yeux. En voyant le secours de sa foi broyé dans l'étau impitoyable du Supérieur, Sophia cru avoir perdu son dernier repère. Elle était désormais seul, implorant un Dieu qui avait céder face à l'absolutisme d'un homme. Un homme ? A la fois Tout, et pourtant, tellement plus... La voix de Sophia était mourante, un croassement pitoyable d'agonie, le gémissement d'un chiot qui supplie son maître disparu. Elle avait perdue, avant même d'avoir lutter.

Je m'en remets à vous Seigneur...

Elle aurait voulu vomir, hurler, mais elle sût que cela n'aurait servit à rien. Elle n'avait pas la force de se dresser contre lui. Les damnées peuvent-ils mourir en enfer ? Quelle importance, ça n'était pas la mort qu'elle redoutait alors. Une bienveillance monstrueuse apparut sur les trais du maître. Il tendit sa main libre vers son visage, effleurant du bout des doigt la courbe de sa joue, brisant les lignes de sang presque séchées qui strillaient sa jeunesse. Sophia réprima un haut le cœur, mais une douce chaleur vint paradoxalement lui réchauffer les entrailles.

Alors viens, viens et demeure comme nous ma Soeur. Tu es une Survivante, tu es liée à notre destinée, tu fais corps avec elle, comme chacun de nous fait corps avec les autres... Je sais que tu ne comprend pas. Cela n'est pas important. Le moment venu, tu verras.

Il se redressa. Malgré sa posture tordue, il semblait plus grand que des hommes massif le dépassant de deux bonnes têtes. Il parcourut l'assemblée présente des yeux, considérant les hommes et les femmes de sa cour des miracles.

Redressez la. Elle fait partie de nous désormais. Qu'elle soit traitée et respectée comme une Survivante. Conduisez la au repère. Traquez les autres. Ils ont refusé de comprendre, ils doivent périr.

Il jeta négligemment la masse sanglante de métal tordu qui avait été le crucifix de Sophia. Celle-ci ne le ramassa pas. Le Supérieur s'était détourné d'elle, et la pression de sa terrible présence s'était relâché de ses épaules. Elle ne se sentait, pourtant, pas plus libre de son corps, comme vidée de toute énergie. Quelqu'un derrière elle lui souffla des mots encourageant, la releva doucement en la prenant sous les bras. Une voix légère, des bras élancées, une femme à la crinière ébouriffée, armée dans le dos d'un long kriss rouillé. Sophia se laissa faire, comme elle se laissa porter. Le groupe se sépara. Certains s'enfoncèrent par petits groupes dans le dédale des rues et portes adjacentes, partant en besogne à leur sinistre chasse. D'autres restèrent près d'elle, et la poussèrent doucement. Quelqu'un lui nettoya le visage avec un mouchoir humide. Cela lui sembla tellement bon... Elle se rendit compte qu'elle était assoiffée, il lui fut porté à boire. On l'entraînait, elle ne savait où, si ce n'était ailleurs que dans cette ville sans âme. Qu'importait, elle n'aspirait qu'à s'étendre, dormir, ou mourir.

Le néant, juste, et son réconfort privés de sens...
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Message par Silas Mar 4 Mai - 0:15

Rien n’aurait pu décrire la rage qui agitait l’esprit du jeune chevalier de Rome. Et rien n’aurait pu l’arrêter à présent. Durant les minutes qui avaient précédées, il n’avait pas suivit ou compris grand-chose de ce qui se passait autour de lui, beaucoup d’objets lui était inconnus et leur usage lui avait été révélé un peu trop tard. Plusieurs nouveaux arrivants l’avaient surpris par leurs usages et leurs comportements. Mais il y en avait un qu’il avait retenu plus que tout les autres. Nexus était son nom, enfin c’était le nom qu’il avait donné à Silas mais celui-ci lui faisait confiance. Ce n’était peut-être pas très raisonnable sachant que son apparence ne lui était pas inconnue et qu’elle n’avait rien de glorieuse. Il ressemblait à des représentations de guerriers d’une époque où Rome était encore païenne. Mais ce n’était pas cela qui importait, cet homme parlait latin. Il parlait sa langue, la langue de la foi. Celle qui avait guidé l’albinos depuis sa plus tendre enfance. Ce simple fait lui suffisait pour qu’il lui fasse confiance, cela n’avait rien de logique ou de particulièrement intelligent. Mais il lui fallait ça, il en avait besoin. Il avait besoin de ce point précis, de sa langue pour se raccrocher à quelque chose. En plus de cela, Nexus lui ressemblait, c’était un guerrier, difficile d’en douter vu son accoutrement. Silas se sentait plus proche de lui que de tout ceux qu’il avait rencontré précédemment, même cette jeune femme qui devait pourtant être bien plus pieuse que ce gladiateur. Oui, c’était un fait qu’il assumait, il avait apprécié la conversation, bien que particulièrement brève, en latin qu’il avait tenu avec le guerrier païen.

Et c’était cela plus que tout qui mettait en rage le chevalier du Vatican. Bien sûr le comportement du misérable qui osait se comparer à un Dieu avec ce nom ridicule de « Supérieur » ne lui plaisait pas du tout. Bien sûr ce premier contact plutôt agressif avec ce groupe étrange ne lui inspirait pas confiance. Mais c’était ce qui venait à peine de se passer qui l’énervait le plus. Le seul homme qui parlait latin dans ce groupe étrange s’était jeté sur le « Supérieur ». Un acte que Silas aurait bien voulu accomplir aussi mais il en fut dissuadé par le traitement qui avait été réservé à Nexus. Vu le nombre d’adversaire, il fallait agir avec plus de discernement … pour le venger. C’est ce qu’il était déjà prêt à faire, prenant une posture offensive l’épée en avant, au moment où l’homme étrange à la tenue verte avait jeté un cailloux en direction des assaillants. Un geste bien futile pensa tout d’abord Silas, ce n’est qu’après qu’il vit le mouvement de recul qu’avait amorcé une bonne partie du groupe. Il était déjà trop tard quand la déflagration retentit et que le feu de l’enfer se précipita vers lui. Se tassant un peu sur ses appuis, le chevalier tient bon, son épée risiblement positionnée devant lui comme si elle pouvait le protéger d’un tel souffle. Heureusement, cela ne dura pas éternellement et dès que la fumée commença à se dissiper, le chevalier reprit l’acte qu’il avait amorcé juste avant, en l’occurrence foncer vers l’adversaire dans le but évident d’aider le gladiateur romain.

Quelle bien étrange vision cela devait être pour les pauvres Survivants. A peine la grenade venait-elle de finir son œuvre qu’un démon sortait de la fumée comme un diable de sa boite. Couvert d’une armature métallique impressionnante d’où sortait encore la fumée de l’explosion. Son visage semblait brouillé par les derniers évènements mais on distinguait à merveille ses deux yeux rouges qui se précipitaient à leur rencontre. Une épée gigantesque lui sortait des bras et il hurlait comme un damné. Un spectacle qui en paralysa plus d’un pendant quelques secondes. Lorsque ceux-ci reprirent leurs esprits, il était déjà trop tard. Le chevalier romain était déjà sur eux, frappant le premier venu. Son épée butant contre une barre de fer, il avait frappé avec une telle force que le pauvre homme trébucha et tomba en arrière alors que le bruit des aciers se rencontrant résonnait encore dans la rue. Cet écho n’avait pas fini quand l’épée fut brandie de nouveau pour s’abattre droit vers la gorge du jeune homme qui avait osé s’opposer à Silas. Elle traversa la chair sans effort mais le chevalier avait commis une erreur. Il avait certes frappé avec une force colossale, mais il n’avait pas frappé au bon endroit. L’acier finit par s’arrêter après avoir traversé les trois quarts du cou de son adversaire. Ce n’était pas très propre comme mise à mort. Il s’était trop énervé et avait attaqué sans discernement, il devait se reprendre. Repoussant brutalement le corps de son adversaire, il retira son épée, provoquant une giclée de sang qui éclaboussa son armure étincelante. De nouveau en garde, il se retourna vers le reste des Survivants. Ils ne survivraient plus longtemps. Les yeux rouges du démon fulminant foncèrent de nouveau vers eux.

Le reste du combat était assez flou, il se rappelait néanmoins d’un certain nombre d’assez court duel, chaque mort lui permettant de passer au suivant. Une véritable machine à tuer qui était devenue automatique. Au bout d’un petit moment, il avait complètement oublié les raisons du combat, se contentant de répliquer à toutes les misérables attaques qu’on lui lançait. La carrure du chevalier et son armure semblait résister à toutes les armes, et pour l’atteindre au visage, il fallait bien viser car Silas était toujours en mouvement, qui plus est sa taille empêchait la majorité de ses adversaires de l’atteindre. Mais les Survivants étaient nombreux, beaucoup trop nombreux. Il se dépêcha de rejoindre le gladiateur, à deux, ils s’éloignèrent progressivement des lieux du combat. Une tactique normale pour mieux prendre conscience de l’entièreté de la situation. C’est quelques temps plus tard que le groupe se sépara, ils partaient tous dans une direction différente et quelques uns venaient vers les deux latins. Une chasse. Il allait chercher tout ceux qui avaient refusés de se joindre à eux. Une mauvaise idée quand on considérait que les deux guerriers n’allaient pas se laisser faire et que ce ne serait sûrement pas une très mince affaire de leur faire du mal. L’homme en vert, s’il ne s’était pas joint à eux, serait aussi assez difficile à vaincre puisqu’il possédait une magie capable de créer du feu à partir d’un simple caillou. Mais c’est aux autres que Silas songea, les deux femmes qu’il avait rencontré et la troisième qui avait suivit Nexus. Même si l’une d’elle semblait avoir les moyens de se défendre, il n’était sûr de rien pour les deux autres. Et même sans les connaître, il ne pouvait décemment pas laisser un homme qui se prenait pour Dieu leur faire du mal. Il ignorait si le gladiateur avait suivit le même raisonnement mais lorsqu’il le regarda et lui montra une ruelle de la tête, celui-ci se contenta d’acquiescer. A une allure rapide, il s'engagea dedans, ne vérifiant pas ce que le païen faisait, il entendait déjà le fracas des armes. Nexus lui donnait du temps, il allait en profiter.
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Message par Helena Shaw Lun 17 Mai - 21:47

L’américaine sortit d’un coup de son étourdissement quand elle sentit une poigne puissante se refermer sur son bras et la tirer en arrière. Ne comprenant pas totalement ce qui lui arrivait, elle se débattit un peu comme elle put de façon désordonnée, pensant que le combat était déjà fini pour elle. Ceux qui se faisaient appeler les Survivants l’avaient déjà capturé et elle avait déjà perdu la partie avant même de l’avoir commencé. Ses mains essayèrent de se débarrasser de l’emprise de la puissante mais rien à faire. Après quelques secondes à se débattre ainsi, tous ces mouvements la rendant deux fois plus faible qu’elle ne l’était déjà, elle se réveilla totalement lorsque le G.I. la plaqua contre la portière d’une voiture.

Ne prenant même pas la peine de vérifier si elle avait une quelconque blessure, jugeant son travail de la mettre à couvert largement accompli, le soldat américain chargea sa mitrailleuse et accroupi derrière le capot de la voiture, il se mit à tirer vers les fenêtres en hauteur. Chaque détonations réveillaient Helena et la ramenait balle par balle à la réalité. Tout se mit en place dans sa tête pour se diriger vers cette unique pensée : elle était en danger. Et il n’y avait apparemment pas de fier romain à ses côtés cette fois-ci, seulement un G.I. sortit tout droit d’une guerre, ayant déjà survécu à l’enfer du Vietnam. Inconsciemment, Helena se plaqua encore plus contre la portière, alors qu’elle voyait clairement les Survivants aux étages supérieurs les tirer dessus, ou sur les autres probablement un peu éparpillé ici et là. La trentenaire regarda constamment autour d’elle, essayant de voir ses probables issus, se sentant beaucoup trop exposé. Avant qu’elle n’ait pu finir son analyse, le soldat posa sa main sur le haut de sa tête et la baissa tout en protégeant la sienne. Quelques secondes plus tard, une seconde grenade explosa suivit de près par une autre voiture qui explosait un peu plus loin. Lorsqu’il se releva, il regarda la compatriote :

- Hey! You’re OK?
(Hé ! Ça va ?)

- Yes...yeah, thank you.
(Oui...ouai, merci.)

- Don’t thank me yet.
(Ne me remercie pas encore.)

A peine eut-il fini sa phrase qu’il se remit en position derrière le capot et chercha du regard où se trouvaient ses prochaines cibles.

- Why did you save me? You don’t even know me...
(Pourquoi tu m'as sauvé ? Tu ne me connais même pas...)

- The math is simple lady: if you’re not one of them, you’re one of us.
(Le calcul est simple : si tu n'es un des leurs, tu es un des notres.)

Il le dit avec un sourire en coin, comme si la perspective de se retrouver sur un champ de bataille l’enchanter, ou alors c’était le fait de se retrouver à enfin prendre une décision qui avait un sens depuis son arrivée ici. Une vitre se brisa juste au-dessus de la tête de Helena qui se laissa glisser vers le bas. Le soldat se retourna et visa le Survivant qui les avait tiré dessus et répliqua avec un feu nourri, mais pas hasardeux. Il fit mouche.

- I can’t stay here, I’m too exposed.
(Je peux pas rester ici, je suis trop exposée.)

- Suit yourself lady.
(Fais comme tu le veux.)

Il semblait absorbé par son combat. Ne pensant pas y aller totalement désarmée, Helena parcourut rapidement du regard l’équipement du G.I. et sans demander une permission, elle tendit ses deux mains vers une arme de poing dans son holster, mais au moment où elle allait prendre l’arme, le soldat bougea et les mains de Helena s’accrochèrent vaguement à quelque chose dans la veste. Elle se retrouva avec une grenade dans les mains, pesta contre elle-même, vérifia tout de même qu’elle n’était pas dégoupillé, puis la fourra rapidement dans sa poche sans même que le G.I. ne s’en rende compte. Alors qu’elle avait retenté d’avoir l’arme de poing, une flèche se planta dans la tôle de la portière entre elle et le G.I.

- Shit!

Helena s’éloigna du G.I. et décida que perdre son temps à essayer d’avoir une arme ne serait pas très utile si elle était morte. Après s’être tirée en arrière, l’américaine se retourna et se releva tout en restant au ras du sol. Le regard scrutant perpétuellement où se trouvaient les possibles “sniper”, elle se fraya un chemin parmi débris, morceaux de tôle et milliers de morceaux de vitre brisée. Frôlant les voitures, seules couvertures contre les tirs pour l’instant, Helena essaya de se rapprocher des bâtiments des deux côtés de la rue, afin de pouvoir réfléchir sans avoir à éviter toute sorte de projectile mortel. C’est ainsi qu’elle atteint la dernière voiture avant de devoir s’engager dans un sprint jusqu’au bâtiment en face d’elle sans aucune couverture. La voie semblait dégagée, compte tenu aussi du fait que les tirs étaient à présent beaucoup moins fréquents. Helena scruta les environs en silence, quand deux mains se l’attrapèrent subitement et la tirèrent en arrière puis la lâcha, l’éloignant des bâtiments. Helena tituba, fit quelques pas désordonnés dans l’espoir de pouvoir tenir droit sur pied, mais finit sa course dans une voiture. Avant qu’elle ne puisse voir quoi que ce soit, un poing osseux vint s’écraser contre sa joue, suivit d’un deuxième coup d’égale puissance. Elle s’écrasa contre la voiture, mit son bras en avant dans l’espoir de parer un éventuel troisième coup, mais à la place son assaillant lui tirer en arrière par les cheveux et écrasa ensuite sa tête contre le capot de la voiture qui fit un bruit sec. Helena essaya de s’accrocher à quelque chose, mais au lieu glissa sur le capot et tomba sur le sol. Ne comprenant absolument rien à ce qui lui arrivait, si ce n’est qu’une ou plusieurs personnes s’amusaient à lui faire un tôlé, la rousse essaya encore une fois de faire quelques pas à quatre pattes. A peine commençait-elle à avancer qu’une autre poigne très ferme, toujours cette main osseuse, se renferma autour de son cou, la souleva avec une aisance déconcertante et la plaqua sur le capot de la voiture. Helena qui ne voyait absolument rien il y avait quelques secondes, était à présent ébloui par un ciel et un soleil aveuglant. Ainsi, lorsqu’elle vit une ombre foncer à nouveau directement vers elle, supposant qu’il s’agissait d’un poing, elle poussa sa tête sur le côté et put sentir le poing s’écraser juste à côté d’elle. Sa main essaya d’agripper encore une fois ce qu’elle put, mais en lieu se referma sur un amas de petits morceaux de vitre qui devait jadis former un pare-brise. N’ayant pas d’autre alternative, elle envoya les débris de vitre dans ce qui semblait être le visage de son agresseur au-dessus d’elle, puis ramena ses pieds vers elle et les posa sur lui. Helena tira ensuite sur ses jambes, et d’une pierre deux coups, repoussa son assaillant tout en s’éloignant de lui, glissant sur le capot et tombant de l’autre côté de la voiture.

Lorsqu’elle se releva, prenant appui sur la même voiture, elle se dit que la chose à faire pour l’instant était de courir le plus loin possible, s’éloigner de cet adversaire précis qui s’acharnait sur elle. Lorsqu’elle fit quelques pas, elle trébucha sur un corps, vérifia rapidement que ce n’était pas un de ceux qui avaient l’air normal, à savoir le chevalier ou la prude, ou encore l’autre jeune fille tout droit sorti d’un concours de cosplay. Dans sa tête, elle ne pouvait concevoir qu’il s’agissait de son romain, et ce n’était pas le cas. Helena continua donc sa course, elle traversa la rue jusqu’à un établissement qui semblait être un restaurant ou un café. La rousse s’y enfonça tout en heurtant ou prenant appui sur les chaises et autres tables, avançant vers le comptoir qui semblait pour être le seul endroit sur pour l’instant. Arrivé devant ce dernier, elle se jeta littéralement dessus et se laissa glisser jusqu’à l’autre côté, puis se plaqua contre le comptoir. Secouant la tête dans l’espoir d’accélérer le processus de réveil, l’américaine ne voulait même pas penser aux blessures qu’elle devait avoir au visage. Le sang qui s’était éparpillé dessus lui suffisait largement comme indicateur. D’un geste ferme, elle repoussa sa chevelure rousse en arrière et se heurta même la tête plusieurs fois contre le comptoir, pestant contre elle même d’être aussi vulnérable, avant de réaliser que se cogner encore plus la tête n’allait pas arrangeait sa situation. Son regard longea le mur en face d’elle à la recherche de possible sortie. Ne voulant pas faire un mouvement de plus avant d’être sur la voie était dégagée, Helena se rapprocha d’un des coins du comptoir et passa lentement la tête afin de voir où se trouvait son assaillant. Et elle le vit. L’homme à la carrure plutôt fine, les muscles saillants cependant, sauta par-dessus une voiture toujours dans la rue, se baissa ensuite et ramassa une arme non loin du corps du Survivants mort. De loin, l’arme ressemblait à un six coups, mais avant que la trentenaire ne puisse y réfléchir encore plus, le Survivant pointa l’arme dans sa direction et tira à plusieurs reprises.

- Son of a b...
(Fils de p...)

Alors que Helena se ramena subitement derrière le comptoir, quelques morceaux de bois volant juste à côté d’elle, la femme se releva et se mit à longer le comptoir tout en restant à couvert. Elle repoussa une porte de service et la referma aussitôt derrière elle. A droite, un long couloir. A gauche, un peu de couloir et une porte. C’est dans cette direction qu’elle se précipita, évitant comme elle pu boite de carton et autres obstacles. Elle atteint la porte qu’elle poussa et se retrouva directement dans un environnement radicalement différent. Elle était passée de l’arrière d’un restaurant au rez-de-chaussée d’une maison. Probablement celle du propriétaire. A sa droite se trouvait un long escalier qui montait, tandis qu’elle réalisa se trouver en fait à l’entrée. En effet, en face d’elle se trouvait une porte un peu plus imposante que les autres. Son portail vers la sortie à nouveau. Sans perdre son temps, Helena se mit à courir vers la porte, mais lorsqu’elle se retrouva entre le commencement de l’escalier et ladite porte, elle aperçut du mouvement à l’extérieur via les quelques petits vitrail. Se disant que cela ne devait surement pas être de bonne augure, l’américaine décida de s’engager dans l’escalier et les grimpa avalant les marches deux par deux. Au premier étage, encore un couloir avec des portes se succédant régulièrement, comme un genre de couloir d’hôtel. Helena essaya la première porte, fermée. La seconde, idem. Après plusieurs essais de la sorte, elle trouva enfin une porte entrouverte qu’elle enfonça et ne prit même pas la peine de vérifier à l’intérieur, se retourna et referma la porte. Une chaise se trouvait juste à côté de la porte, elle l’utilisa afin de la bloquer en calant le dossier sous la poignée. Pensant avoir un minimum de sécurité, elle arrêta sa frénésie. Toujours face à la porte, elle fit quelques pas en arrière, les mains tendues en avant comme si elle remettait le soin de sa survie à la porte.

Deux trois pas de fait en arrière, un bruit de glissement se fit entendre, suivit d’un léger grincement, comme si on tirait fortement sur quelque chose. Helena commença à se retourner mais vit du coin du regard une personne à l’autre bout de ce qui ressemblait à un salon et ne pensant pas que ce devait être un ange survenu de nul part, elle fit un bond de côté pour voir une flèche se briser contre la porte à défaut de s’y planter. Lorsqu’elle se retourna, l’autre lâchait déjà son arc et portait sa main à sa ceinture d’où il tira un six coup pareillement, et appuya sur la gâchette. L’américaine se baissa tout en se jetant presque sur le côté, et après deux détonations, ils n’entendirent que le clic de barillet vide. Le Survivant, qui se releva être une “elle” moins âgée que Helena elle-même, tint son arme en l’air, puis le laissa tomber sur le côté, sachant qu’elle n’aurait pas le temps de recharger avant qu’on ne se jette sur elle. Helena et la Survivante se regardèrent un moment en silence, et l’américaine vit derrière sa future adversaire le balcon d’où elle devait tirer sur eux quelques moments plus tôt. A la gauche de la trentenaire se trouvait une table basse à côté d’une table ainsi que d’un fer à repasser dessus. A sa droite, une cuisine style américaine. Une cuisine américaine à Londres. 2017 réservait bien des surprises. Au dessus de la table à repasser se trouvait en fait les équipements dont la Survivante s'était délesté afin d'avoir plus de possibilités de mouvement. Et parmi ces équipements se trouvaient un couteau aux allures très dangereuses. La tension palpable entre les deux afin de savoir qui allait faire le premier mouvement s'interrompu lorsque la survivante se lança sur ses armes tandis que Helena alla dans le sens inverse, plongea la main dans la cuisine américaine sur un comptoir récupéra un couteau de cuisine assez grand aussi. Lorsqu'elle se retourna, le couteau lui sauva la vie lorsque la lame énorme de l'arme de la survivante fonça vers elle. Toutes les deux s'écrasèrent contre un mur, Helena se fit dégager d'un coup de pied dans l'abdomen. Elle fit quelques pas en arrière, se remit en position d'attaque, mais dut se pencher sur le côté pour éviter une attaque de la survivante. Une autre attaque suivie de l'autre côté, nouvelle esquive. L'américaine se jeta ensuite en arrière pour éviter une attaque horizontale, et décida d'attaquer à son tour. Sa première attaque fut aisément dévié, sa seconde s'arrêta avant même d'avoir abouti, la lame de son adversaire l'entaillant l'avant-bras avant. Alors que Helena ramena son bras vers elle par réflexe, elle se prit un autre coup de poing au visage qui la fit basculer sur la table à repasser, et tomba dessus entrainant tout un tas d'autres objets posé dessus avec elle. Son couteau lui avait bien évidemment échappé des mains durant la chute, et pendant qu’elle se relevait, elle chercha de quoi se défendre correctement, tâtant le sol aléatoirement mais se brula au contact du fer brulant appartenant au fer à repasser. Sans arrière pensée, Helena referma son poing autour du manche plastique chauffé lui aussi, puis se retourna et tira le fil d’alimentation vers elle afin de débrancher l’appareil ménager. Aussitôt qu'elle fit des mouvements devant elle, cela fit reculer la survivante, elle et son couteau. Helena profita de ce moment d'hésitation et fonça sur elle qui lâcha son couteau afin de pouvoir correctement se défendre. L'hostile fit un pas sur le côté et attrapa le poignet de Helena des deux mains, et Helena essaya de reprendre le contrôle de sa propre arme improvisée en attrapant à son tour son poignet. Les deux bataillèrent un moment ainsi, changeant de position, essayant de bruler l'autre. Helena parvint à effleurer à deux reprises les épaules et les bras de son adversaire, tandis que le coin du fer chauffé à blanc avait frôlé son visage et son abdomen. Quand d'un coup, la survivante assena un coup bien placé à l'arrière du genou de l'américaine qui se retrouva sur un seul genou en une seconde. Reprenant l'avantage, l'hostile exerça une forte pression sur les bras de son adversaire, le fer chaud se rapprochant de plus en plus du visage de la rousse. Tout en sentant qu'elle n'allait pas pouvoir tenir bien longtemps une telle pression, Helena prit un risque énorme et lâcha sa prise autour de son propre poignet pour aller chercher quelque chose accroché à la cheville de la survivante. A peine elle sortit le couteau de son étui qu'elle le planta sans plus de cérémonie dans le pied de son adversaire qui flancha tout de suite sous le coup de la douleur subite. A peine toucha-t-elle le sol que Helena se retourna et pendant une fraction de seconde, vit une ouverture. D'un mouvement brusque et ampli d'une haine longtemps refoulée, l'américaine appuya le fer à repasser contre la joue de la survivante à terre. Cette dernière lâcha un cri de douleur qu'elle n'avait jamais entendu, et dans ses mouvements désordonnés rencontra quelque chose qui pourrait faire cesser cette pression des plus douloureuses qu'on exerçait sur son visage. Le couteau de cuisine alla se planter d'un coup sec dans la cuisse de Helena, transperça le muscle et ressortit de l'autre côté.

- AAAAAAAHH!!!!

De toutes les choses qu'elle aurait pu anticiper, elle ne s'attendait pas à ça. Mais contrairement à ce que la survivante aurait pu croire, cela ne lui fit pas arrêter sa pression qu'elle exerçait. Au contraire, une rage grandit en elle en même temps que la douleur le faisait. Elle appuya encore plus sur la joue, et voyant qu'elle ne pouvait la bruler encore plus, elle leva le fer à repasser et l'écrasa à plusieurs reprises sur le visage déjà fortement déformé de la survivante. Après trois coups et un dernier coup final, Helena jeta son arme improvisée au loin, mais n'osa même pas regarder le couteau planter dans sa jambe. Son regard se concentra bizarrement sur le plafond, alors qu'elle essayait de prendre des bouffés d'air dans l'espoir que cela atténuerait la douleur. Elle ferma les yeux, toujours placé au-dessus de la survivante à présent hors-service. Sa main tremblante tâtonna sa jambe jusqu'à trouver le métal froid du couteau, puis elle chercha le manche et referma sa main autour. Sans même prendre le temps d'hésiter, elle sortit le couteau de sa jambe d'un geste brusque tout en lâchant un cri de douleur. Ne voulant toujours pas regarder la blessure, la trentenaire essaya de se remettre sur pied, agissant comme s'il n'y avait jamais eu de blessures. Elle réussit à clopiner sur un pied tandis qu'elle sentait le sang couler le long de sa jambe, puis avança vaguement jusqu'à rencontrer un mur afin d'y prendre appui. Elle reprit sa respiration, pensant à tout et à rien. Elle espérait plus que tout au monde que quelqu'un vienne l'aider en cet instant présent, au bord de l'abandon. Un coup à la porte la sortie de ses pensées. Sa tête se tourna vers la porte subitement. Un deuxième coup plus puissant. Puis un troisième et final coup fit sauter la chaise et la porte révéla le premier survivant, toujours son revolver à la main. Il prit quelques secondes avant de comprendre comment l'américaine s'était retrouvée dans cette situation en si peu de temps. Lorsqu'il vit un autre des siens par terre, il ne perdit pas de temps et leva son pistolet vers elle. Mais Helena, son instinct de survie reprenant le dessus rapidement, courut comme elle put jusqu'à sa seule issue hors de cette pièce. Lorsqu'elle arriva au balcon, elle n'hésita pas encore une fois à sauter par-dessus la rambarde alors que les coups de feu fusaient derrière elle. Tombant depuis le première étage, Helena fini sa chute dans le pare-brise d'une voiture qui s'écrasa sous son poids.

L’adrénaline faisait de moins en moins effet, et la douleur commençait réellement à restreindre ses mouvements. Clopinant comme elle pouvait, l’américaine s’était éloigné et perdue dans les rues de la ville londonienne, ne cessant pas un moment pour un peu de répit, jusqu’à qu’on lui rappelle qu’elle avait des limites. Après plusieurs minutes, elle dut s’arrêter et prit appui au coin d’un mur, puis se laissa glisser le long de ce dernier. Helena se trouvait dans une ruelle entre deux bâtiments. Alors qu’elle laissait son regard se perdre au loin et que sa respiration prenait un rythme légèrement plus lent, elle entendit le cri et les implorations d’une des filles qu’elle avait rencontrées plus tôt. Tout en gardant sa position, elle jeta un œil au coin de son mur, et vit la jeune fille totalement déboussolé et perdue, entouré de Survivants. Helena continua de regarder, sans bouger. Est-ce qu’elle ne voulait rien faire ou est-ce qu’elle ne pouvait rien faire ? Toujours au coin du mur, elle vit le Supérieur apparaitre, toujours aussi calme et effrayant, comme s’il était un personnage plus qu’une personne. De quel monde venait-il ? L’américaine continua de regarder ce qui se passait, puis ses sourcils se froncèrent lorsqu’il le groupe de Survivants aida la jeune fille à se relever. Ses traits se durcirent, alors que la rousse disait qu’ils en avaient probablement perdu un des leurs aujourd’hui. Ou du moins, que les rangs des Survivants avaient grossi. Après avoir disparu au coin d’une rue, Helena se sentit plus perdu que jamais. Ils devaient sortir d’ici. Mais les autres, ces hostiles étaient beaucoup plus nombreux qu’eux, organisés, armés. Helena entendit un coup de feu quelque part, suivit d’un cri de douleur atroce. Ses yeux se vidèrent de toute vie pendant un instant, alors que tous ces sons faisaient écho dans sa tête. La douleur, la violence, les guerriers, les issues, la survie. Une brise légère vint caresser son visage, et elle se laissa aller. Il ne lui restait plus aucune raison de vraiment se battre, tout était si vain. Qu’est-ce qu’il y avait de si spécial dans cet endroit pour y vivre ? Qu’est-ce qui l’attendait demain si ce n’était d’autres combats ? Ses yeux se refermèrent tout doucement, tandis que ses cheveux couleur de feu lui couvrirent le visage, emportés par le vent. Tout était maintenant plus simple, il suffisait de se laisser aller. Et il n’y aurait plus de douleur, plus de combats, plus rien. Puis elle entendit un cri de rage, une épée rencontrant un bouclier, un combattant se battant pour le simple principe de survie. Il y avait peut-être une chose ici qui valait le coup de se battre. La silhouette du guerrier apparut un court instant dans son esprit. Lui qui ne se battait pour que se battre. Plus perdu que jamais, encore plus perdu qu’elle, lui n’avait pas perdu la rage du combat ou de la survie. Non, c’était bien trop facile de se laisser avoir. Personne ne l’aurait sans au moins se battre pour. Après tout, est-ce qu’il y avait autre chose à faire de plus intéressant en ce moment ? Des yeux animés d’une nouvelle vie s’ouvrirent brusquement.

Helena se rapprocha d’une voiture, le seul pick-up style américaine qu’elle avait trouvée, avec un coffre ouvert à l’arrière. La Chevrolet Avalanche noire devrait être largement suffisant. L’américaine ouvrit la portière, et s’assit derrière le volant. La clé était encore sur le contact, mais le moteur était éteint cependant. Helena regarda ce qui pouvait être utile dans la voiture et vit vaguement quelques sacs à l’arrière. Sur le siège à côté d’elle se trouvait un vêtement quelconque. Elle le prit et en déchira la manche, puis attacha le tissu autour de sa blessure à la jambe. Elle appuya sur le bouton “Start” et la voiture démarra, elle passa les vitesses automatiques, et commença à arpenter les rues de Londres.

L’américaine joua du volant afin de monter sur le trottoir, la rue étant bloqué par quelques voitures. Une fois sur le trottoir, elle écrasa l’accélérateur et le véhicule se fraya un chemin parmi les débris et autres poubelles sur la route. Elle arriva à un carrefour qu’elle traversa puis freina sec. Les roues de la voiture crissèrent, elle embraya et recula jusqu’au carrefour. Là, les deux guerriers combattaient. Nexus se retourna et donna un violent coup de glaive, puis leva son bouclier. Un des survivants leva une arme à feu sur lui et tira.

- Nexus, no!

Le gladiateur ne bougea pas, toujours derrière son bouclier. Les balles ricochèrent contre son bouclier et Nexus fonça sur le survivant pour lui planter son arme dans l’abdomen. Helena était encore sous le choc. Ce simple bouclier avait paré des balles que des vestes en Kevlar du 21ème avaient du mal à bloquer. Après s’être débarrassé des derniers ennemis, les deux guerriers se tournèrent vers le pick-up et Helena qui se trouvait dedans.

- Jump at the back.
(Grimpez à l'arrière.)

Elle le dit tout en pointant le coffre ouvert à l’arrière. Réalisant qu’il allait probablement rentrer dans une voiture pour la première fois de leur existence, ça serait probablement moins dur s’ils ne devaient pas rentrer vraiment dans le véhicule. Mais les deux latins regardèrent Helena comme si elle avait dit une hérésie, tous les deux restant figé.

- Get the FUCK inside NOW!
(Montez, bordel !)

Une fois les deux anciens montés à l’arrière, l’américaine continua d’arpenter les rues de Londres jusqu’à qu’elle s’arrête devant une ruelle où le pick-up ne pouvait pas aller. Mais à pas loin d’une cinquantaine de mètres se trouvait la jeune fille avec le chevalier plus tôt. Helena klaxonna à deux reprises afin d’attirer son attention et elle se mit à courir vers eux. Mais à peine avait-elle fait quelques pas que plusieurs Survivants la suivaient au pas de course.

- Elle ne va pas y arriver à temps !

- Then go! GO GO!
(Alors vas-y ! Fonce fonce !)

Nexus sauta du pick-up, laissant bouclier et glaive en arrière, puis se mit à courir à une vitesse impressionnante vers la jeune fille. Helena le regardait partir quand quelqu’un chose vint se cogner à sa portière. Elle sursauta mais fut rapidement contente de cette intrusion. Le G.I. haletant prit appui sur la portière.

- Cover him.
(Couvre-le !)

Elle pointa la ruelle et Nexus ainsi que la jeune fille. Il comprit et fit le tour du véhicule puis pointa son arme dans la ruelle, mais ne put avoir un tir sur sans risque de toucher Nexus ou la jeune fille. Le romain quand à lui sauta par-dessus plusieurs bennes, évita les caisses et lorsqu’il arriva vers la jeune fille, il la tira vers lui d’un coup sec, la retirant de la portée des mains du survivant juste derrière elle. Continuant le même mouvement, il fonça sur le premier survivant, épaule en avant. La puissance de son élan suffit à faire tomber le premier, puis Nexus tourna sur lui-même et assena un coup au second survivant venant en plein dans sa direction. Il se retourna ensuite vers le troisième, sortit sa dague et le lança d’un coup rapide. Le survivant se le prit dans le dos, puis tomba. Le gladiateur récupéra sa dague, puis entraina la jeune fille avec lui jusqu’à la voiture où ils montèrent, se jetant presque dans la portière arrière ouverte par le soldat qui referma la porte derrière eux. Le chevalier l’aida ensuite à grimper dans le coffre et Helena démarra en trombe.

Alors que la voiture longeait le Thames totalement vidé de son eau, avec seulement un fond boueux et sale, Helena vit surgir devant elle plusieurs hostiles armés de mitraillette et allaient faire tomber une pluie de balle sur eux. N’ayant pas d’autres moyens, Helena donna un dangereux coup de volant et le pick-up vira à gauche, défonça une barrière de protection et atterrit dans le Thames desséché. L’américaine vira ensuite à gauche et continua sa route dans le Thames. Le chemin à présent plus libre, le véhicule partait à une vitesse ahurissante. La conductrice slalomait entre les bateaux et autres débris, tandis que le véhicule se salissait à chaque mètre de plus qu’ils faisaient.

- Hey LADY! Up there!
(Hé ! Là-haut !)

Elle entendit le G.I. crier à l’arrière, puis elle le vit pointer une direction sur le rebord du Thames.

- You gotta be kidding me...
(C'est pas vrai...)

Une voiture se frayait un chemin aussi en hauteur afin de les suivre, puis quand l’opportunité se présenta, la voiture probablement conduite par un survivant rentra aussi dans le Thames et continua d’avancer en diagonale. Selon la course que prenant les deux voitures, ils n’allaient pas tarder à rentrer en collision. Helena essaya d’accélérer encore plus, mais l’autre voiture suivait le rythme.

- Everybody, hold on tight!
(Accrochez-vous tout le monde !)

L’américaine serra le volant et tendit ses bras afin de se plaquer contre son siège. Et le véhicule des survivants les heurta de plein de fouet à l’arrière. Helena perdit le contrôle et l’arrière de la voiture fit un arc de cercle étrange. L’américaine essaya de redresser le pick-up à grand renfort de coup de volant, mais son erreur fut de continuellement écraser le frein, qui permettait au véhicule de glisser encore plus sur la surface du Thames. Lorsqu’elle put vaguement commencer à redresser le véhicule qui avançait toujours, le pick-up rebondit violemment et brusquement sur quelque chose, et le G.I. à l’arrière perdit son équilibre, puis se mit à glisser. Avant qu’ils n’aient pu réaliser quoique ce soit, ou que le chevalier n’ait eu le temps de le retenir, le soldat américain fut éjecté du véhicule. Helena vit dans le rétroviseur un compatriote rouler sur le béton du Thames. Aussitôt, elle se remit à freiner.

- What are you doing? Don’t stop!
(Qu'est-ce que tu fais ? Ne t'arrête pas !)

- We have to go get him.
(On doit aller le chercher.)

Et sans prévenir, la jeune londonienne presque apeurée se jeta sur Helena, repéra où se trouvait sa blessure à la jambe et appuya dessus pour lui forcer à continuer. L’américaine perdit le contrôle du véhicule qui fit des zig-zags étranges.

- GET HER OFF ME!
(Débarrasse moi d'elle !)

Elle joua de coude pour se débarrasser d’elle, tandis que Nexus la tirait en arrière et la plaqua contre le siège du véhicule comme il put. La rousse se reconcentra à nouveau sur la route, mais c’était trop tard. Le pick-up fonça à pleine vitesse à l’arrière d’un bateau et l’hélice de ce dernier vit se planter dans le pare-brise de la Chevrolet.

Entrainé aux situations les plus durs, à la torture, à la survie en territoire ennemi, le soldat américain n’aurait jamais pu être entrainé à ça. A peine avait-il fini de rouler involontairement au fond du Thames, il essaya de se relever, s’aidant de ses mains qui malheureusement glissèrent un peu sur la boue et les algues. Il put cependant se mettre à quatre pattes, et quand il commença à regarder autour de lui, à prendre de conscience de sa situation, il entendit des bruits de pas. Lents, mais sur. Sa main tâtonna sa hanche et il tira de son holster son arme de poing qu’il pointa vaguement vers l’ennemi. Mais avant qu’il n’ait pu tirer, un coup de pied puissant dans les mains lui fit lâcher son arme. Lorsqu’il releva la tête, il vit cet être, ce personnage puissant et effrayant qui le regardait un moment.

- Do what you have to do...but I won’t beg you S.O.B.
(Fais ce que tu dois faire...mais je te supplierais pas, fils de pute.)

Le Supérieur se détourna de lui sans plus de cérémonie, puis toujours avec cette expression figée sur le visage, ce masque de frayeur, il regarda au loin le pick-up noir encastré dans un bateau. Les traits de son visage ne changèrent pas d’un cil, puis toujours courbé sur lui-même, il donna subitement un coup au visage de l’américain qui s’écrasa sur le sol. Le Supérieur se retourna ensuite, puis attrapa le soldat par le col et le traina alors qu’il s’éloignait du pick-up, laissant derrière lui une longue trace dans la boue noire.
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